|
|
Книги Sylvie Testud
|
Énervée. Affamée. Exténuée. Terrorisée. En retard. Frigorifiée. Les journées, pour Sylvie Testud, sont une succession de moments intenses. Elle nous emmène à une interview au Plaza, sur un tournage en japonais, acheter du plâtre au BHV, faire l’amour devant vingt personnes pendant huit heures, essayer des robes chez Chanel pour les Césars, tout en refusant d’embrasser un serpent ou de sauter par la fenêtre… Le quotidien d’une actrice, en somme. Sauf que Sylvie Testud fait montre d’un regard ultra-lucide. Comment entre-t-on dans un rôle? Comment apprend-on à l’aimer, comment le quitte-t-on, comment dire non, comment dire oui? Où est la limite entre la vie qu’on vit et la vie qu’on joue? Et si notre existence était un interminable casting? Décalée, d’une voix qui ne ressemble à aucune autre, drôle et sans concession, Sylvie Testud éteint les feux trompeurs de la rampe, et l’on découvre qu’il n’y a pas beaucoup d’étoiles ce soir. |
|
««T’as peur, t’as peur de tout, sauf du ridicule», m’a dit mon copain qui est d’une mauvaise foi sidérante! «Il n’y a aucun danger dans cette maison, à part toi!!» il a rajouté. [...] Si le courage peut se mesurer à la peur à surmonter, alors je me proclame la fille la plus courageuse du monde. Je ne suis quand même pas la seule fille qui balise à l’idée de dormir seule? Je ne suis pas la seule fille à dire que se garer dans un parking non surveillé, la nuit, ça fout les jetons? C’est pas moi qui invente les cambriolages? Les dingues qui vous guettent au coin de la rue? Les monstres pervers pires que des loups? S. T. Flippée, Sylvie Testud? «Le Ciel t’aidera» est l’histoire de sa vie quand elle ne joue pas un rôle sur un plateau, l’histoire d’une fille trop imaginative qui rêve de mourir centenaire et dans son lit. Alors elle se bat comme un diable: elle planque des couteaux sous ses matelas, se balade avec un ravissant pistolet de dame, s’entraîne au sabre sur ses plantes vertes. C’est vrai qu’elle est flippée, mais il y a quand même des trucs bizarres… Son copain, lui, trouve que tout est normal, à part elle.» |
|
– Qu’est-ce que tu faisais dans la chambre de maman? – J’ai volé une photo. Une toute petite photo. – Tu lui ressembles tellement, a dit ma sœur. J’ai mis la photo dans la poche de mon jean. Je me suis assise dessus pendant trente ans. – La photo est ressortie de ma poche! j’ai dit à mes sœurs. J’ai vu l’homme de la photo! – Qui? – Celui qui porte le même nom que nous, le même nom que moi. Ce n’est pas une photo, c’est un homme! J’ai donc un père. Que dois-je faire? Trente ans que je réponds: «Je n’ai pas de père. Je n’ai qu’une photo». Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans: «Je n’ai pas de père, mais je m’en fiche, c’est comme ça». |
|