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Книги Simone de Beauvoir
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«La journée du mardi se passa bien. La nuit, maman fit des cauchemars. «On me met dans une boîte», disait-elle à la sœur. «Je suis là, mais je suis dans la boîte. Je suis moi et ce n'est plus moi. Des hommes emportent la boîte!» Elle se débattait: «Ne les laisse pas m'emporter!» Longtemps Poupette a gardé la main posée sur son front: «Je te promets. Il ne te mettront pas dans la boîte». Elle a réclamé un supplément d'Equanil. Sauvée enfin de ses visions, maman l'a interrogée: «Mais qu'est-ce que ça veut dire, cette boîte, ces hommes? — Ce sont des souvenirs de ton opération; des infirmiers t'emportent sur un brancard». Maman s'est endormie. «Peut-être Simone de Beauvoir a-t-elle donné d'elle-même, dans ces cent soixante petites pages, sinon le meilleur d'elle-même, au moins le plus secret». (Pierre-Henri Simon, de l'Académie française, Le Monde.) «Simone de Beauvoir, dont nous connaissons la sincérité et le courage, nous révèle une sensibilité et une tendresse bouleversantes». (Emile Pradel, l'Ecole libératrice.)» |
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Vingt et un ans et l'agrégation de philosophie en 1929. La rencontre de Jean-Paul Sartre. Ce sont les années décisives pour Simone de Beauvoir. Celles ou s'accomplit sa vocation d'écrivain, si longtemps rêvée. Dix ans passés à enseigner, à écrire, à voyager sac au dos, à nouer des amitiés, à se passionner pour des idées nouvelles. La force de l'âge est pleinement atteinte quand la guerre éclate, en 1939, mettant fin brutalement à dix années de vie merveilleusement libre. |
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J'ai beaucoup écrit dans ma jeunesse: mais rien qui me parût valable. J'avais environ trente ans quand j'osai proposer à des éditeurs le livre que j'appelai Primauté du spirituel, détournant ironiquement le titre d'un essai alors célèbre de Maritain. J'avais mis beaucoup de moi-même dans cet ouvrage. J'étais en révolte contre le spiritualisme qui m'avait longtemps opprimée et je voulais exprimer ce dégoût à travers l'histoire de jeunes femmes que je connaissais et qui en avaient été les victimes plus ou moins consentantes. J'ai beaucoup joué sur la mauvaise loi qui m'en paraissait inséparable. Ainsi fus-je amenée à la difficile tentative de faire entendre les voix — et les silences — du mensonge. Comme beaucoup plus tard dans La femme rompue, j'ai usé du langage pour dissimuler la vérité. C'est, somme toute, un roman d'apprentissage où s'ébauchent beaucoup des thèmes que j'ai repris par la suite. Je lui garde une sympathie que j'aimerais voir partagée. Simone de Beauvoir écrivit ce premier livre, qui resta longtemps inédit, de 1935 à 1937. |
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