|
|
Книги Sartre Jean-Paul
|
J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées: droites ou penchées, serrée comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allée de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait... |
|
«Garcin: — Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je com prends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha! vous n'êtes que deux? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez: le soufre, le bûcher, le gril... Ah! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres». |
|
«Dieser zweite Band der Korrespondenz Sartres mit Simone de Beauvoir und einigen anderen enthält zum überwiegenden Teil seine Briefe von der Front. Er berichtet über den Fortgang seines ersten Romans «Zeit der Reife», über seine vielfältige Lektüre und seine «Tagebücher», an denen er täglich schreibt. Er beobachtet und analysiert sein eigenes Verhalten in dieser abstrusen Kriegsphase und das seiner Kameraden und skizziert erste Entwürfe seiner Philosophie. Den Briefen von der Front folgen einige Briefe aus der deutschen Gefangenschaft und aus der Nachkriegszeit, in denen er sich mit seiner plötzlichen Berühmtheit auseinandersetzt.» |
|
- Il m'a empoisonnée? — Eh oui, madame. — Mais pourquoi? Pourquoi? — Vous le gêniez, répond la vielle dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre sœur. Eve joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée: — Et Lucette est amoureuse de lui! La vieille dame prend alors une mine de circonstance: — Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature? Machinalement, Eve se lève, se penche sur le registre et signe. — Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement. Eve hésite, puis s'informe: — Mais où il faut que j'aille? — Où vous voudrez. Les morts sont libres. |
|
«L'avion s'était posé. Daladier sortit péniblement de la carlingue et mit le pied sur l'échelle; il était blême. Il y eut une clameur énorme et les gens se mirent à courir, crevant le cordon de police, emportant les barrières.... Ils criaient « Vive la France! Vive l'Angleterre! Vive la Paix!», ils portaient des drapeaux et des bouquets. Daladier s'était arrêté sur le premier échelon: il les regardait avec stupeur. Il se tourna vers Léger et dit entre ses dents: — Les cons!» |
|
«Cette pièce peut passer pour un complément, une suite aux Mains sales, bien que l'action se situe quatre cents ans auparavant. J'essaie de montrer un personnage aussi étranger aux masses de son époque, qu'Hugo, le jeune bourgeois, héros des Mains sales, l'était, et aussi déchiré. Cette fois, c'est un peu plus gros. Gœtz, mon héros, incarné par Pierre Brasseur, est déchiré, parce que, bâtard de noble et de paysan, il est également repoussé des deux côtés. Le problème est de savoir comment il lâchera l'anarchisme de droite pour aller prendre part à la guerre des paysans... J'ai voulu montrer que mon héros, Gœtz, qui est un genre de franc-tireur et d'anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines, mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu'il fait finit par profiter au prince, ce qui l'agace profondément. Quand, dans la deuxième partie, il essaie de faire un bien absolument pur, cela ne signifie rien non plus. Il donne des terres à des paysans, mais ces terres sont reprises à la suite d'une guerre générale, qui d'ailleurs éclate à propos de ce don. Ainsi, en voulant faire l'absolu dans le bien ou dans le mal, il n'arrive qu'à détruire des vies humaines... La pièce traite entièrement des rapports de l'homme à Dieu, ou, si l'on veut, des rapports de l'homme à l'absolu»... Jean-Paul Sartre. |
|
Qu'est-ce que tu m'as fait? Tu colle à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur, dans mes mains, j'ai ton odeur dans les narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement). Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain. |
|
«Des Allemands s'étaient montrés, prudemment, à l'entrée de la grand-rue. Chasseriau, Pinette et Clapot firent feu. Les têtes disparurent. «Ce coup-ci, on est repérés». De nouveau le silence. Un long silence. Mathieu pensa: «Qu'est-ce qu'ils préparent? « Dans la rue vide, quatre morts; un peu plus loin, deux autres: tout ce que nous avons pu faire. A présent, il fallait finir la besogne, se faire tuer. Et pour eux, qu'est-ce que c'est? Dix minutes de retard sur l'horaire prévu.» |
|
- La guerre, on ne la fait pas: c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien: j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant... |
|
«Comme tu tiens ? ta puret?, mon petit gars! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur! A quoi cela servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous? La puret?, c'est une id?e de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez pr?texte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je la ai plong?es dans la merde et dans le sang». Cr??e en 1948 au th??tre Antoine par Fran?ois P?rier et Andr? Luguet, Les mains sales, pi?ce sur l'engagement politique, est une des ?uvres th??trales les plus retentissantes de l'auteur de Huis clos, des Mouches, de La putain respectueuse, des S?questr?s d'Altona, du Diable et le bon Dieu.» |
|
«- Comment s'appellent-ils, ces trois-la? — Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien. Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste: — Steinbock... Steinbock... Voila. Vous etes condamne a mort. Vous serez fusille demain matin. Il regarda encore: — Les deux autres aussi, dit-il. — C'est pas possible, dit Juan. Pas moi. Le commandant le resarda d'un air etonne...» |
|