|
|
Книги Marivaux Pierre de
|
Le charme de Marivaux réside dans une alliance unique de cruauté et de grâce, de tristesse et de gaieté profondes. Mais le marivaudage, qui évoque le badinage, le duel amoureux pour rire, le ballet sentimental, n'existe dans aucune de ses pièces. Rien de plus précis, inflexible, réaliste, que son regard sur les mouvements et les intermittences du cœur humain et de l'amour, dont il connaît tous les sentiers, toutes les méprises, toutes les ruses. A vrai dire, le hasard tient peu de place dans cette comédie où Silvia, pour éprouver la sincérité de son fiancé Dorante, se fait passer pour sa servante Lisette, tandis que Dorante fait de même avec son valet Arlequin. Et voilà l'amour à l'épreuve de la méfiance, du préjugé social, de la timidité, de l'hésitation, du sourire et des larmes. Rien n'a changé. |
|
Marivaux est aussi grand dans le roman qu'au théâtre. Il fait ici le tableau d'une destinée, et montre tous les aspects du génie féminin opposés à la froide raison. Dans cette autobiographie fictive, les scènes attendrissantes, le goût des larmes se manifestent déjà. Les faits ne sont que prétextes aux aventures spirituelles. L'héroïne, de noble origine, enlevée par des brigands, connaît d'abord une condition modeste. Prise entre les avances excessives des uns et l'amour des autres, que lui arrive-t-il? Les événements, les analyses, les portraits, la peinture des mœurs, aussi bien aristocratiques que populaires, font le charme de ce grand roman, et de Marianne elle-même: ici, tout est esprit, romanesque et beauté. Nous autres jolies femmes, car j'ai été de ce nombre, personne n'a plus d'esprit que nous, quand nous en avons un peu: les hommes ne savent plus alors la valeur de ce que nous disons; en nous écoutant parler, ils nous regardent, et ce que nous disons profite de ce qu'ils voient. |
|
Venu à ¨Paris de sa Champagne natale, brillant de jeunesse et de santé, Jacob découvre auprès de jolies femmes le plaisir de vivre et le fait découvrir à une dévote un peu mûre qui a préservé pour lui ses succulences. Le garçon s'émerveille devant le monde ouvert à sa faculté de bonheur: peut-on se raffiner sans se corrompre, séduire dans être trompeur, s'enrichir sans être injuste et parvenir sans être intrigant? L'ardeur d'exister et l'appétit de jouir garderont-ils leur innocence? Parvenu par les femmes, mi-Tom Jones, mi-Julien Sorel, Jacob est le plus ambigu des personnages de Marivaux et qui aurait sa place dans les Liaisons dangereuses. |
|