|
|
Книги Magnan Pierre
|
Février 1349. Un rat moribond vient choir dans l'immense chaudron d'une daube mijotant pour les festivités de Mardi gras: c'est le début de la Peste noire à Manosque.. |
|
«- Qu'est-ce que ça veut dire aimer? — Je l'ai lu dans un livre, dit Laure. — À la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien? personne n'a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n'ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c'est une distraction de riches». Voici ce qu'on pense du sentiment à Eourres quand Laure naît. Cette phrase du livre est comme une fiche d'état civil pour Laure qui pèse sept cent cinquante grammes à sa naissance. Pas plus qu'Eourres on ne peut l'inventer parce que seul ce pays pouvait permettre cette naissance. Il est impossible de concevoir, si on ne les a pas vus, ces montagnes, cette géologie démentielle, ce chaos de la fin des temps ou de leur début. Songez au silence, à l'isolement, mais songez à l'obstination de Laure qui à trois ans demande à apprendre à lire et à six conduit le troupeau. Songez à cette petite fille perdue dans ce pays sans grâce qui veut échapper non pas à sa condition mais à son ignorance de la vie. Songez à tout ce qu'elle va devoir braver si elle y parvient. P.M.» |
|
«L'été de ses quatorze ans, au début des années 20, alors qu'il est apprenti dans l'imprimerie locale, une naine, à la fois méprisée et crainte, est tombée amoureuse de Jean, le narrateur. Le cadre de ce roman fortement autobiographique est une petite ville agricole de la Provence chère à l'auteur, et plus précisément la place principale flanquée, côté soleil, des demeures des notables et, côté ombre, des petites maisons des «dames du Nord», éternelles observatrices et commentatrices des faits et gestes de tout un chacun. La Sanson, espèce de sorcière discrète qui vit dans une impasse, tire en partie les fils d'une intrigue amoureuse à sens unique puisque Jean, lui n'aime pas la naine. Chronique d'un été torride et roman d'apprentissage, tendre et douloureuse éducation sentimentale, la naine est sans conteste un des plus beaux livres de l'auteur de La maison assassinée et des Courriers de la mort.» |
|
«Au Contadour (en 1937, Pierre Magnan a quinze ans), quand Giono, Lucien ou Fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre: renvoyer son fascicule de mobilisation, résister aux gendarmes, faire un fort Chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares. Je n'entendrai jamais Giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce débat autrement qu'en s'engageant personnellement. Jamais il ne donnera de directives à quiconque. «Marchez seul. Que votre clarté vous suffise» — «Je n'écris pas pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte en soi». Ce n'est pas une hagiographie de Giono que propose Magnan mais un récit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'années, à Manosque. C'est aussi un double portrait, du maître dont l'adolescent s'émerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rêve d'écriture.» |
|
Je n'ai pas accompli mon rêve d'enfant: manœuvre maçon pour gagner 10 francs par jour. Mais à seize ans, j'ai écrit Périple d'un cachalot, un roman de trois cent cinquante pages qu'on lit encore aujourd'hui. J'ai donc décidé de raconter ma vie dans un livre qui ressemble comme un frère à l'un de mes romans. Mes lecteurs y apprendront que je fus apprenti dans une imprimerie pour cinq francs par semaine. Que j'ai aimé dès douze ans la femme que j'ai eu le malheur de perdre en l'an 2002. Qu'à l'âge de dix-huit ans je connus la guerre et les vraies épreuves, mais que les soirs d'hiver et les collines de Provence ne cessèrent jamais de m'émouvoir et de me consoler de tout. Que j'ai appris bien plus à l'imprimerie qu'à l'école. Qu'à quinze ans j'ai rencontré Giono et tout ce qui l'entourait: la musique, les grands écrivains, la dimension du monde. Bref; j'ai décidé de dire la vérité dans un véritable roman autobiographique où le lecteur retrouvera l'atmosphère des lieux et les caractères des personnages qui authentifient mon œuvre de fiction. |
|