Trois jeunes gens déphasés par l'après-guerre entament un marivaudage qui va les emporter dans la valse dangereuse de sentiments hors du commun. Ce roman, jusque-là demeuré inédit, date des années cinquante. Je ne serais plus capable d'écrire avec cette insolente frivolité: c'est qu'après les grands massacres tout n'était bon qu'à être gaspillé, jeté au vent, dispersé, dissipé — puisque nos parents l'avaient fait du monde — comme notre jeunesse, comme nous. Comme tu es belle, me dit-elle, on pourrait en mourir...Il passa près de moi et je retrouvai derrière son odeur, l'autre, plus affreuse, animale et parfumée, de l'amour. L'amour n'étant qu'un lent moyen d'imprimer de la vitesse au temps afin qu'il nous tire vers une autre vie, vers aujourd'hui...Il ne m'en reste que ces quelques images, saisies dans l'éblouissement d'un geste, le fracas puissant de mots tendres, meurtriers et cruels.