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Книги издательства «Livre de Poche»
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En ce temps-là j'avais une maîtresse et un amant qui, d'ailleurs, s'entendaient fort bien. À les voir courir ensemble les vernissages, on aurait pu imaginer qu'ils s'aimaient. Mais no! Ils parlaient de moi. Je leur donnais du souci, semble-t-il. |
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Il faut bien que quelqu'un monte sur le ring et dise: «Je suis fier d'être français». Qu'il réponde à ceux qui condamnent la France pour ce qu'elle fut, ce qu'elle est, ce qu'elle sera: une criminelle devenue vieillerie décadente. Or nos princes, qui devraient la défendre, au lieu de pratiquer la boxe à la française, s'inspirent des lutteurs de sumo! Comment ne pas chanceler dans ces conditions? Et les procureurs de... |
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Trois jeunes gens déphasés par l'après-guerre entament un marivaudage qui va les emporter dans la valse dangereuse de sentiments hors du commun. Ce roman, jusque-là demeuré inédit, date des années cinquante. Je ne serais plus capable d'écrire avec cette insolente frivolité: c'est qu'après les grands massacres tout n'était bon qu'à être gaspillé, jeté au vent, dispersé, dissipé — puisque nos parents l'avaient fait du monde — comme notre jeunesse, comme nous. Comme tu es belle, me dit-elle, on pourrait en mourir...Il passa près de moi et je retrouvai derrière son odeur, l'autre, plus affreuse, animale et parfumée, de l'amour. L'amour n'étant qu'un lent moyen d'imprimer de la vitesse au temps afin qu'il nous tire vers une autre vie, vers aujourd'hui...Il ne m'en reste que ces quelques images, saisies dans l'éblouissement d'un geste, le fracas puissant de mots tendres, meurtriers et cruels. |
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«En présence de la lumière, et toutefois hors d'elle, de la fenêtre haute, l'Ange du monde entier, qui d'une voix d'azur et d'or, sur le seuil de ce jour et de l'espace libre, annonce les cieux, les campagnes, les mers, les étendues, les peuples et les déserts, proclame et représente le Reste et le Tout, affirme toutes ces choses qui sont en ce moment même et qui sont comme si elles n'étaient point; en présence de mes mains, de mes puissances, de mes faiblesses, de mes modèles, et hors d'eux; distinct de mes jugements, également éloigné de tous les mots et de toutes les formes, séparé de mon nom, dépouillé de mon histoire, je ne suis que pouvoir et silence, je ne fais point partie de ce qui est éclairé par le soleil, et mes ténèbres ne m'appartiennent point. Mon silence m'assiste; mon abstention est plénitude.» Alors qu'il venait d'acquérir vingt-quatre lettrines gravées, un éditeur demanda à Valéry d'y associer vingt-quatre poèmes en prose dont chacun commencerait par une lettre différente. L'écrivain se proposa aussitôt d'y évoquer les vingt-quatre heures du jour, composa le recueil sans tout à fait l'achever, mais ne le publia pas. A certaines lettres de l'alphabet correspondent donc plusieurs poèmes, et c'est l'ensemble de ces textes qui se trouve ici rassemblé pour la première fois.» |
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«Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé.» C'est peut-être enfin la paix...hasarda Grosspeil. — La paix mon os! «lui lança son collègue qui rabattit la aine trempée sur le corps de la fillette.» |
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Dans une Europe d'apocalypse ruinée par la faillite des OGM, enlisée dans la guerre contre le Moyen-Orient, en proie au fanatisme religieux et au racisme, l'auteur raconte le voyage initiatique de Stef et Pibe, deux adolescents à la recherche de l'archange Michel, le dictateur tout-puissant qui gouverne le vieux continent depuis sa forteresse roumaine. Dans une ambiance crépusculaire fascinante car terriblement proche et crédible, un grand roman épique d'une actualité brûlante. |
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Huit heures du soir. Pour des millions d'humains, chacun dans sa case, dans le petit monde qu'il s'est créé ou qu'il subit, une journée bien déterminée s'achève, froide et brumeuse, celle du mercredi 3 février. Pour René Maugras, il n'y a pas d'heure ni de jour et ce n'est que plus tard que la question du temps écoulé le tracassera. Il est encore tout au fond d'un trou aussi obscur que les abysses des océans, sans contact avec l'univers extérieur. Son bras droit, pourtant, à son insu, commence à s'agiter d'une façon spasmodique, cependant que sa joue se gonfle comiquement à chaque expiration. |
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«Partir, fuir sa triste banlieue, la grisaille... Sébastien a dix ans et la leucémie menace sa vie. Malgré l'amour de sa mère, il n'a qu'une obsession: rejoindre dans le Lot ses grands-parents qui sauront éloigner de lui la peur et la mort. Il est sûr qu'au cœur de cette campagne qu'il aime tant, il pourra puiser l'énergie pour lutter contre la terrible maladie qui l'affaiblit chaque jour davantage. Dans la petite ferme familiale, Sébastien oscille entre les périodes de découragement et le plaisir des joies simples, dans l'enchantement toujours renouvelé de la nature et de ses secrets. Son grand-père ne lui a-t-il pas raconté que l'hellébore, éphémère «rose de Noël» qui fleurit sous la neige, possède des pouvoirs magiques qui pourraient lui apporter la guérison tant espérée? Jamais peut-être l'immense conteur qu'est Christian Signol n'avait su toucher au cœur avec une telle justesse. Vous n'êtes pas près d'oublier Sébastien, petit bonhomme têtu et stoïque, cheminant main dans la main avec ses grands-parents, découvrant la force et le courage de ces campagnes qui, elles aussi, se battent pour ne pas mourir et préserver une certaine idée du bonheur.» |
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Voilà un coin de campagne où l'on a de drôles de façons...La foire aux vieux, par exemple. Curieuse institution! On sait bien aussi que tous les enfants peuvent voler comme des oiseaux dès qu'ils étendent leurs bras — mais est-ce une raison suffisante pour les enfermer derrière des murs de plus en plus hauts, de plus en plus clos? Le psychiatre Jacquemort se le demande — puis ne se le demande plus, car il a trop à faire avec la honte des autres, qui s'écoule dans un bien sale ruisseau. Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde. En prenant chacun de nos mots habituels au pied de la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles. Avant-propos de Raymond Queneau Présentation de Gilbert Pestureau. |
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«La première fois que je me vis dans un miroir, je ris: je ne croyais pas que c'était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris: je sais que c'est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle.» Epiphane Otos serait-il condamné par sa laideur à vivre exclu de la société des hommes et interdit d'amour? Devenu la star — paradoxale — d'une agence de top models, Epiphane sera tour à tour martyr et bourreau, ambassadeur de la monstruosité internationale...et amoureux de la divine Ethel, une jeune comédienne émue par sa hideur. Sur un thème éternel, la romancière d'Hygiène de l'assassin et des Catilinaires nous offre un conte cruel et drôle, à la fois distancié et tendre.» |
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L'oncle Antoine est mort mardi, la veille de la Toussaint, vers onze heure du soir vraisemblablement. La même nuit Colette a tenté de se jeter par la fenêtre. À peu près dans le même temps, on apprenait qu'Édouard était revenu et que plusieurs personnes l'avaient aperçu en ville. Tout cela a créé des remous dans la famille qu'on a vue hier, à l'enterrement, pour la première fois au complet depuis des années. Ce soir, dimanche, il pleut à nouveau. Des rafales secouent les volets, font vibrer les vitres et l'eau coule intarissablement dans la gouttière qui descend à un mètre de ma fenêtre. Dans le jardin public entouré de grilles qu'on appelle le Jardin Botanique, les arbres se courbent et des branches cassées, dans les allées, se mêlent aux feuilles mortes. |
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Jean Péloueyre est riche mais, d'une laideur peu soutenable. On voici que pour des raisons pécuniaires on arrange son mariage avec la jolie Noémie d'Artiailh. Les deux jeunes époux vont connaître un conflit parallèle, lui entre son amour et la conscience de sa laideur, elle entre son désir d'être une authentique épouse chrétienne et sa répugnance physique pour le mari qu'on lui a imposé. Paru en 1922, Le Baiser au lépreux fit scandale et imposa l'univers mauriacien, où les turpitudes cachées des familles bourgeoises se mêlent aux thèmes du romancier chrétien. Il marque le début d'une série de chefs-d'oeuvre qui culminera avec Thérèse Desqueyroux et avec Le Noeud de vipères. |
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Romancier, poète, parolier, dramaturge, Boris Vian fut aussi chroniqueur de presse. C'est cette dernière facette, sans doute la plus méconnue, d'un écrivain prodigieusement fécond et divers, que l'on découvrira dans ce recueil. Automobile, beaux-arts, littérature, variétés, mais aussi économie, sciences ou loisirs: les passions d'un homme curieux de tout sont représentées dans ces pages. Comme toujours, Vian joue ici avec brio des diverses dimensions du rire, de la satire, de la fantaisie, de l'absurde. Mais qu'on ne s'y trompe pas: si l'auteur de L'Ecume des jours n'accepta jamais de se draper dans le sérieux, cette apparente légèreté va de pair avec un regard aigu et lucide sur son temps. Et ses jugements esthétiques — en particulier sur la chanson, où il salue à leurs débuts Brassens, Brel, Devos ou Gainsbourg — témoignent d'un goût aussi perspicace que rebelle à tous les conformismes. |
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Pierre Mangin, commissaire à la Pi, quitte Paris pour faire une pause et s'installe quelques jours à la campagne chez de vieux amis. Son chemin croise celui du commandant Mercure, qui enquête sur une série de meurtres inexpliqués: de jeunes auto-stoppeurs tués à coups de marteau dans des circonstances identiques. Il rencontre aussi Ariane, une jeune bibliothécaire. Séduction, coup de foudre, un jeu dangereux commence entre eux. Ariane s'offre et se dérobe. Oscillant entre soupçon et désir, Mangin remonte le fil d'Ariane, au risque de la perdre, au risque de se perdre. Un suspense psychologique sulfureux et ambigu, qui confirme le talent singulier de Sylvie Granotier. |
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Un mécanicien de locomotive, tourmenté par une lourde hérédité, et qui ne s'entend vraiment qu'avec sa machine... Une femme qui semble née pour faire le malheur de tous les hommes qui l'approchent...Un juge pétri de préjugés, prêt à renier la justice au profit de l'intérêt social ou politique...Tels sont les personnages de ce drame, un des plus sombres qu'ait imaginés le romancier des Rougon-Macquart. Vivante et précise comme un reportage, puissante comme une épopée, son évocation du monde des chemins de fer au moment de leur âge d'or va de pair avec la vision d'une humanité en proie à ses démons héréditaires et sociaux — l'alcoolisme, la misère — et chez qui la jalousie et la convoitise charnelle portent le meurtre comme la nuée porte l'orage. |
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