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Книги Laurence Tardieu
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Je meurs voilà ce qu’elle m’écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t’entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit, presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n’avait pas été ces mots-là on aurait pu croire à l’écriture d’un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l’oublier; mais non, ce n’est pas un enfant, c’est Geneviève qui meurt. |
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Nous sommes le 21 juillet 2006. Il est vingt heures. Je m’appelle Alice Grangé. J’ai trente ans. Gérard Oury est mort hier. Tout cela est certain. Vérifiable. Le réel. Je marche vers un homme que je ne connais pas. Ça encore, le réel. Cet homme a aimé ma mère. Ma mère a aimé cet homme. Je n’en suis déjà plus sûre. Cet homme va me parler de ma mère. Je ne sais pas. Je vais retrouver quelque chose de ma mère. Je ne sais pas. Les choses les plus importantes sont-elles celles que l’on sait, ou celles que l’on cherche? Je m’appelle Alice Grangé. J’ai trente ans. Je cherche ma mère. |
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i peur de vous revoir. Peut-être aurait-il mieux valu en rester là, comme nous l’avons fait depuis six ans, conformément à je ne sais quel accord tacite passé entre nous: ne pas nous revoir, jamais, garder au creux de nous cette longue nuit irréelle comme un secret qui n’appartient qu’à nous. Peut-être, au fond, l’accident est-il celui de notre rencontre, pas du silence qui s’ensuivit […]. J’ai peur de vous revoir, mais comme j’en suis heureuse. L. T. |
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