Quoi de plus tragique qu'aimer sans être aimé? Aimer celui qui nous est à jamais interdit: un membre de sa propre famille. C'est bien là le malheur de Phèdre, qui aime son beau-fils, qui se déteste pour cela, qui hait jusqu'à son amour même, mais qui ne peut s'en défaire. Elle l'aime à se rendre folle, et elle le deviendra, elle l'aime à mourir, et en mourra... La tempête qui a emporté son mari Thésée a balayé les derniers remparts de sa raison: qui pourrait l'empêcher à présent de consacrer toute son énergie à son amour pour Hyppolite, le fils de Thésée? Hyppolite lui-même n'y pourra rien: ses tentatives pour la ramener à la raison ne feront qu'envenimer les choses. Et le retour inopiné de Thésée ne pourra qu'accélérer le dénouement tragique de cette situation inextricable. Une fois de plus, Racine plonge sa plume dans un malheur qui donne de si beaux désespoirs: rien de plus misérable en effet que le personnage de Phèdre, rien de plus tragique, mais rien de plus sublime. Pour prolonger votre lecture, et découvrir des pièces moins connues, reportez-vous au premier tome des Oeuvres de Racine qui vient d'être réédité dans la Pléiade.