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Книги Gogol Nicolas
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Le journal d'un fou est un conte absurde dans lequel les personnages étranges laissent peu à peu place à leurs caractères réels, le rire cédant le pas à l'angoisse tout au long de ce journal. Poprichtchine est préposé au taillage des plumes dans un ministère de Saint-Petersbourg. Celui-ci sombre peu à peu dans une douce folie s'imaginant être en Espagne. |
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«Et que voulez-vous faire de cet état?» s'enquit alors Manilov. Cette question parut embarrasser le visiteur... «Vous désirez savoir ce que j'en veux faire? Voici: je désire acheter des paysans... prononça enfin Tchitchikov qui s'arrêta net. — Permettez-moi de vous demander, dit Manilov, comment vous désirez les acheter: avec ou sans la terre? — Non, il ne s'agit pas précisément de paysans, répondit Tchitchikov: je voudrais avoir des morts... — Comment? Excusez... je suis un peu dur d'oreille, j'ai cru entendre un mot étrange. — J'ai l'intention d'acheter des morts»...» |
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«L'assesseur de collège Kovaliov se réveilla d'assez bonne humeur. Il s'étira et se fit donner un miroir dans l'intention d'examiner un petit bouton qui, la veille au soir, lui avait poussé sur le nez. À son immense stupéfaction, il s'aperçut que la place que son nez devait occuper ne présentait plus qu'une surface lisse! Tout alarmé, Kovaliov se fit apporter de l'eau et se frotta les yeux avec un essuie-mains: le nez avait bel et bien disparu!... Il s'habilla séance tenante et se rendit tout droit chez le maître de police.»Kovaliov retrouvera son nez à la suite d'aventures fort étranges. Et si, conclut Gogol, «ce qu'il y a de plus étrange, c'est qu'un auteur puisse choisir de pareils sujets», «vous aurez beau dire, des aventures comme cela arrivent en ce monde, c'est rare, mais cela arrive». |
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«Trois nouvelles représentatives de l'âge d'or de la littérature russe du XIXe siècle: Le Nez de Gogol, Le Marchand de cercueils de Pouchkine et Apparitions de Tourgueniev.Trois récits étranges et intrigants, où se côtoient humour et inquiétude, réalisme et fantastique. L'édition Classiques & Cie collège. Soigneusement annoté, le texte des nouvelles est associé à un dossier illustré, qui comprend: un guide de lecture (avec des repères, un parcours de l'oeuvre et un groupement de documents sur le thème du rêve), une enquête documentaire: «La Russie au XIXe siècle».» |
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Gogol est absolument unique dans l'histoire des littératures mondiales. Celles-ci comptent de nombreux humoristes mais aucun n'a exploité autant que Gogol le moyen de dire une chose en affirmant son contraire. En même temps, il manifeste un amour si profond de cette vie dont il semble se moquer, que son texte en prend un relief extraordinaire. Son humour n'est pas l'humeur d'un pisse-froid, d'un atrabilaire, d'un frustré. Il y a chez lui une joie de vivre qui le distingue d'un autre humoriste célèbre, mais sinistre dans son pessimisme systématique: Franz Kafka. Si Gogol s'exclame si continûment sur l'intelligence de ses personnages, c'est qu'il voudrait qu'ils fussent intelligents. Car il les aime, et il nous les fait aimer. Son humour ne les détruit pas, mais leur donne vie et couleur. Les deux Ivan ne sont que des pauvres types, qui se disputent pour un rien, vont en justice pour un rien, se sont préparés, pour un rien, une vieillesse lamentable, mais à aucun moment ils ne nous semblent être des caricatures. Ils restent intensément vivants, intensément vrais, grâce à la manière oblique qu'adopte Gogol pour nous montrer leur nullité. L'humour, précisément, transforme des êtres nuls en êtres de poésie. C'est là le miracle de cet auteur. |
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Le censeur de Sa Majesté Nicolas Ier, à qui fut présenté Le Revizor, conclut à une farce amusante, et l'autorisation de publier fut accordée. Le sens profond de cette oeuvre ne fut compris que beaucoup plus tard. D'ailleurs, lorsque Le Revizor fut créé au théâtre, le 19 avril 1836, il ne s'imposa pas d'emblée. Personne ne savait ce qu'il fallait penser de la pièce. Farce plaisante ou calomnie? On se méfiait. Gogol souffrit longtemps de cette suspicion du public. C'est en 1839 seulement, à Moscou, que Le Revizor fut accueilli triomphalement. Les personnages de Gogol sont pour la plupart des gens simples, paisibles, qui dépouillent autrui ou qui se font dépouiller avec le plus parfait naturel. Ils sont les produits inévitables de la société de ce temps, où la pourriture n'a plus rien d'exceptionnel. |
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