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Gallimard-Folio
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Il est inexplicable que nous soyons vivants. Je remonte, ma lampe électrique à la main, les traces de l'avion sur le sol. A deux cent cinquante mètres de son point d'arrêt nous retrouvons déjà des ferrailles tordues et des tôles dont, tout le long du parcours, il a éclaboussé le sable. Nous saurons, quand viendra le jour, que nous avons tamponné presque tangentiellement une pente douce au sommet d'un plateau désert. |
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«Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière. Elle pousserait la forte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas: 'C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie». Prix Goncourt et Médicis 1995.» |
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Une fois par semaine, Georges s'aventure dans le musée, monstruosité architecturale et labyrinthe à la fois fascinant et cauchemardesque. Il passe de salle en salle, d'escalier en escalier, à la recherche de sa femme partie en faire l'inventaire trois ans plus tôt. Quels secrets lui a-t-elle cachés? Quels mensonges l'ont conduite à se perdre sans espoir de retour dans ce gigantesque piège? Aux confins de la folie, une longue nouvelle vertigineuse par l'un des maîtres de la science-fiction française. |
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Alors que le taxi qui l'a amené de Trux à Witt s'arrête devant l'hôtel Ascot, Hugh Person, éditeur américain entre deux âges, évoque ses trois séjours précédents dans cette minable station des Alpes suisses. Le premier, dix-huit ans plus tôt, a été marqué par deux événements tout aussi lugubres dans son souvenir: la mort de son père et sa première expérience sexuelle (avec une prostituée). Quelques années plus tard, invité à se rendre une deuxième fois en Suisse pour travailler avec un écrivain célèbre, Mr. R..., Hugh rencontre Armande, fille capricieuse d'un architecte belge et d'une Russe exilée, et tombe éperdument amoureux d'elle. Un meurtre, de nombreux cauchemars, une fructueuse entrevue avec un psychiatre et quelques incendies réels ou rêvés complètent la trame de ce voile transparent à travers lequel brille le passé... |
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«Les trésors que j'ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque la plume ne s'en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait jadis l'âme humaine — je dis «jadis», car le mot est passé de mode, avec son écho d'au-delà». De Djibouti au Yémen, Romain Gary sillonne les terres brûlées et hostiles pour en rapporter un témoignage d'une rare force.» |
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«J'aime les livres. Tout ce qui touche à la littérature — ses acteurs, ses héros, ses partisans, ses adversaires, ses querelles, ses passions — me fait battre le cœur. Le triomphe du Cid m'enchante. La «petite société» autour de Chateaubriand et de cette raseuse de Mme de Staël m'amuse à la folie. La mort de Lucien de Rubempré me consterne comme elle a consterné Wilde ou le baron de Charlus. Et, j'aime mieux le dire tout de suite, Proust me fait beaucoup rire. En un temps où les livres sont contestés et menacés par la montée de quelque chose d'obscur qui ressemble à la barbarie, cette histoire de la littérature n'a d'autre ambition que d'inviter le lecteur à en savoir un peu plus sur les œuvres passées ici en revue. Si elle donne à quelques jeunes gens d'aujourd'hui l'envie d'ouvrir un roman de Stendhal ou de Queneau ou de découvrir un poème d'Aragon, l'auteur aura atteint son but. Il aura largement été payé de son temps et de sa peine qui fut aussi un plaisir.» |
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Je voudrais ici, tout de suite, dire et répéter avec force que le second tome est très loin de signifier un second choix. Je n'allais pas tirer toutes mes cartouches d'un coup, dès le premier assaut. Je gardais pour la suite quelques biscuits de réserve et des trésors encore cachés. La méthode suivie dans ce deuxième volume est la même que dans le premier: présenter en quelques mots l'écrivain et son œuvre; tâcher de leur rendre, sous la rouille, leur jeunesse et leur nouveauté. Je ne parle pas des vivants, parce que la mort et le temps n'ont pas pu accomplir leur travail de faucheur, de crible, de critique et d'arbitre; et je parle des morts comme s'ils étaient vivants.Tels qu'ils sont, en tout cas, les deux tomes de cette histoire menée au pas de charge et pleine d'impertinence — dans tous les sens du mot — peuvent peut-être constituer une sorte d'introduction à un des chefs-d'œuvre les plus accomplis de l'esprit des hommes depuis son éclosion: la littérature française. |
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Qui est cet homme dont la simple vue glace d'effroi tous les invités d'un mariage? Pourquoi poursuit-il dame Catherine dans ses rêves jusqu'à ce qu'elle se réveille en hurlant? Quelles terrifiantes extrémités peut atteindre une vengeance? Dans la Russie des fiers Cosaques, Gogol nous entraîne au plus profond du cœur des hommes, là où se dissimule le Mal. |
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Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'œuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points: — Vie littéraire: Un roman symbolique de jeunesse — L'écrivain à sa table de travail: La réécriture du mythe de Robinson Crusoé — Groupement de textes thématique: La rencontre de l'homme civilisé avec l'homme sauvage — Groupement de textes stylistique: La description de l'île — Chronologie: Michel Tournier et son temps — Fiche: Des pistes pour rendre compte de sa lecture. |
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Tous ceux qui m'ont connu, tous sans exception, me croient mort. Ma propre conviction que j'existe a contre elle l'unanimité. Quoi que je fasse, je n'empêcherai pas que, dans l'esprit de la totalité des hommes, il y a l'image du cadavre de Robinson. Cela suffit — non certes à me tuer — mais à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans les limbes en somme... Plus près de la mort qu'aucun autre homme, je suis du même coup plus près des sources mêmes de la sexualité. |
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Une enfance menacée par la maladie, une mère omniprésente et possessive. À vingt-neuf ans, Paul Folley se rebelle. Pour échapper à l'étouffement, il choisit de séduire et d'épouser la première fille rencontrée. Elle est terne, coincée, même godiche. Rien ne les rapproche que la solitude. Et pourtant ces deux êtres entrent sans le savoir dans une histoire impitoyable, marquée par tous les déchirements de l'amour fou. Sébastien Japrisot a dix ans de moins que son héros quand il publie ce récit. Comme on l'écrivit alors: «Tant de sûreté dans la violence, tant de maîtrise dans la peinture des passions, n'ont pas fini d'étonner». |
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Ainsi les trois avions postaux de la Patagonie, du Chili et du Paraguay revenaient du sud, de l'ouest et du nord vers Buenos Aires. On y attendait leur chargement pour donner le départ, vers minuit, à l'avion d'Europe. Trois pilotes, chacun à l'arrière d'un capot lourd comme un chaland, perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, descendraient lentement de leur ciel d'orage ou de paix, comme d'étranges paysans descendent de leurs montagnes. Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur le terrain d'atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu'à l'arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable. |
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«En écrivant Le chercheur d'or, J.M.G. Le Clézio s'était inspiré d'aventures vécues par son grand-père. Dans ce Journal, Le Clézio raconte son voyage vers l'île Rodrigues sur les traces de son grand-père et de la légende qu'il a laissée. «Ai-je vraiment cherché quelque chose? J'ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l'aplomb des cavernes que j'ai repérées à mon arrivée dans l'Anse aux Anglais. Dans la tourelle ruinée de la Vigie du Commandeur (peut-être une ancienne balise construite par le Corsaire), dans les étranges balcons de pierres sèches, vestiges des anciens boucaniers, j'ai cherché plutôt des symboles, les signes qui établiraient le commencement d'un langage. Quand je suis entré pour la première fois dans le ravin, j'ai compris que ce n'était pas l'or que je cherchais, mais une ombre, quelques choses comme un souvenir, comme un désir».» |
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- Oh! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand! Vous êtes répugnant comme un rat... — Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux: je ne veux plus mourir. |
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Il mesurait un mètre quatre-vingt-huit, était blond, et on lui avait souvent dit qu'il ressemblait à un très jeune Gary Cooper. C'était le seul gars qui lui faisait quelque chose. Il avait même une photo de lui, qu'il regardait souvent. Les gars chez Bug Moran rigolaient, ils trouveaient ça marrant. Qu'est-ce que ça peut te foutre, Gary Cooper? Lenny ne répondait pas et rangeait soigneusement la photo. Tu veux que je te dise, Lenny? C'est fini, Gary Cooper. Fini pour toujours. Fini, l'Américain tranquille, sûr de lui et de son droit, qui est contre les méchants, toujours pour la bonne cause, et qui fait triompher la justice et gagne toujours à la fin. Adieu l'Amérique des certitudes. Ciao, Gary Cooper. Les gars se taisaient. Lenny leur tournait le dos, faisait mine de fouiller dans son sac. |
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La tribu Malaussène et ses proches ont le regret de vous annoncer le mariage de Thérèse Malaussène avec le comte Marie-Colbert de Roberval, conseiller référendaire de première classe. Cet avis tient lieu d'invitation. |
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«Mild, harmless and ugly to behold, the impoverished Pons is an ageing musician whose brief fame has fallen to nothing. Living a placid Parisian life as a bachelor in a shared apartment with his friend Schmucke, he maintains only two passions: a devotion to fine dining in the company of wealthy but disdainful relatives, and a dedication to the collection of antiques. When these relatives become aware of the true value of his art collection, however, their sneering contempt for the parasitic Pons rapidly falls away as they struggle to obtain a piece of the weakening man's inheritance. Taking its place in the Human Comedy as a companion to Cousin Bette, the darkly humorous «Cousin Pons» is among of the last and greatest of Balzac's novels concerning French urban society: a cynical, pessimistic but never despairing consideration of human nature.» |
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Pèlerine multirécidiviste, peu douée pour la marche et accrochée à ses cigarettes, Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. D’abord, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le «chemin français», où s’envolèrent ses idées de méditation solitaire dans des refuges surpeuplés; puis, de La Corogne jusqu’à Finisterre, sur le «chemin anglais»; et enfin depuis les bords de Loire, pour accomplir ce que les Espagnols appellent «le vrai chemin», celui qu’on doit faire en partant de chez soi... De paysages sublimes en banlieues pittoresques, elle a rejoint ce peuple de marcheurs de tous pays, réunis moins par la foi que par les ampoules au pied, qui se retrouvent pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine sur laquelle elle porte un regard à la fois affectueux et espiègle. |
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Féder, devenu veuf après un court mariage d'amour, s'installe à Paris, prêt à tout pour conquérir le monde et faire fortune. Séduite par sa mélancolie et son ambition, la belle Rosalinde, célèbre danseuse, devient sa maîtresse et le lance comme peintre à la mode. Le succès ne tarde guère. Un jour, un riche provincial demande à Féder de faire le portrait de Valentine, sa jeune épouse... Grand peintre de l'âme humaine et des passions qui l'animent, Stendhal, dans ce court roman, n'est pas sans rappeler les plus belles pages de son chef-d'œuvre Le Rouge et le Noir. |
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«M. de Guise ne se mêlait point dans la conversation et sentant réveiller dans son cœur si vivement tout ce que Mme de Montpensier y avait autrefois fait naître, il pensait en lui-même qu'il pourrait demeurer aussi bien pris dans les liens de cette belle princesse que le saumon l'était dans les filets du pêcheur».» |
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