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Gallimard-Folio
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Quelle misère que de trouver une fortune dans un portefeuille et de ne pas pouvoir l'utiliser! Monsieur La Souris est trop connu des services de police pour se le permettre. Tellement connu qu'il finit par attirer l'attention de l'inspecteur Lognon qui le trouve changé et fait de lui, sinon le principal suspect du meurtre étrange d'un financier, du moins le premier témoin d'une affaire gênante pour l'Etat. Car si Monsieur La Souris n'a rien d'un assassin, il semble pourtant en savoir bien plus long qu'il ne le dit... |
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«Des Allemands s'étaient montrés, prudemment, à l'entrée de la grand-rue. Chasseriau, Pinette et Clapot firent feu. Les têtes disparurent. «Ce coup-ci, on est repérés». De nouveau le silence. Un long silence. Mathieu pensa: «Qu'est-ce qu'ils préparent? « Dans la rue vide, quatre morts; un peu plus loin, deux autres: tout ce que nous avons pu faire. A présent, il fallait finir la besogne, se faire tuer. Et pour eux, qu'est-ce que c'est? Dix minutes de retard sur l'horaire prévu.» |
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«Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide». Avec cette formule foudroyante, qui semble rayer d'un trait toute la philosophie, un jeune homme de moins de trente ans commence son analyse de la sensibilité absurde. Il décrit le «mal de l'esprit» dont souffre l'époque actuelle: «L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde». |
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«L'été de ses quatorze ans, au début des années 20, alors qu'il est apprenti dans l'imprimerie locale, une naine, à la fois méprisée et crainte, est tombée amoureuse de Jean, le narrateur. Le cadre de ce roman fortement autobiographique est une petite ville agricole de la Provence chère à l'auteur, et plus précisément la place principale flanquée, côté soleil, des demeures des notables et, côté ombre, des petites maisons des «dames du Nord», éternelles observatrices et commentatrices des faits et gestes de tout un chacun. La Sanson, espèce de sorcière discrète qui vit dans une impasse, tire en partie les fils d'une intrigue amoureuse à sens unique puisque Jean, lui n'aime pas la naine. Chronique d'un été torride et roman d'apprentissage, tendre et douloureuse éducation sentimentale, la naine est sans conteste un des plus beaux livres de l'auteur de La maison assassinée et des Courriers de la mort.» |
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Dans ce roman, et dans ce personnage de courtisane, Zola a peint à la fois la corruption d'une femme, de la société où elle recrute ses amants, et d'un régime politique, le Second Empire, qui se rue avec insouciance vers la guerre et la débâcle. Sexualité, histoire et mythe vivent et meurent ensemble, dans un même souffle brutal. |
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Douze personnes qui se taisent dans une arrière-salle lors d'un repas de noce. Et le marié, à la lumière déclinante du soir, qui devine son avenir dans un élan tragique de lucidité! Auvinet, pourtant, a vingt ans et trouvé une bonne place à Paris. Il va enfin donner libre cours à ses rêves, quitter sa province alanguie et les contraintes de la promiscuité. N'est-il pas courageux, travailleur et vaillant? N'a-t-il pas pour épouse une douce jeune femme? La réalité d'une grande ville, surtout lorsqu'on y arrive avec des mensonges plein les poches, est autrement plus féroce comme une révélation de soi-même... |
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«Quand j'ai compris que Mario était mort, tous les détails me sont revenus. Les gens racontaient cela en long et en large à ma grand-mère. Mario traversait le champ, un peu plus haut, à la sortie du village. Il cachait la bombe dans un sac, il courait. Peut-être qu'il s'est pris les pieds dans une motte de terre, et il est tombé. La bombe a explosé. On n'a rien retrouvé de lui. C'était merveilleux. C'était comme si Maria s'était envolé vers un autre monde, vers Ourania. Puis les années ont passé, j'ai un peu oublié. Jusqu'à ce jour, vingt ans après, où le hasard m'a réuni avec le jeune homme le plus étrange que j'aie jamais rencontré». C'est ainsi que Daniel Sillitoe, géographe en mission au centre du Mexique, découvre, grâce à son guide Raphaël, la république idéale de Campos, en marge de la Vallée, capitale de la terre noire du Chernozem, le rêve humaniste de l'Emporio, la zone rouge qui retient prisonnière Lili de la lagune, et l'amour pour Dahlia.» |
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Venu à ¨Paris de sa Champagne natale, brillant de jeunesse et de santé, Jacob découvre auprès de jolies femmes le plaisir de vivre et le fait découvrir à une dévote un peu mûre qui a préservé pour lui ses succulences. Le garçon s'émerveille devant le monde ouvert à sa faculté de bonheur: peut-on se raffiner sans se corrompre, séduire dans être trompeur, s'enrichir sans être injuste et parvenir sans être intrigant? L'ardeur d'exister et l'appétit de jouir garderont-ils leur innocence? Parvenu par les femmes, mi-Tom Jones, mi-Julien Sorel, Jacob est le plus ambigu des personnages de Marivaux et qui aurait sa place dans les Liaisons dangereuses. |
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Cette édition des Pensées veut être aussi fidèle que possible aux intentions de Pascal, en particulier par l'établissement du texte entièrement relu sur le manuscrit et par les notes. Celles-ci présentent, en les citant in extenso, ce qui est une originalité de cette édition, l'ensemble des lectures sur lesquelles s'appuie la réflexion de Pascal. Les Pensées ne sont pas un livre posthume, ce sont les papiers d'un mort, d'un homme qui sait et qui croit au moment où la mort interrompt l'Apologie de la religion chrétienne. Dire ce qu'a été cet homme-là, tel est le sens de l'édition de Michel Le Guern qui a été couronnée par le Prix de l'édition critique. |
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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin». Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi: «Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde». Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonheur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.» |
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«Au Contadour (en 1937, Pierre Magnan a quinze ans), quand Giono, Lucien ou Fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre: renvoyer son fascicule de mobilisation, résister aux gendarmes, faire un fort Chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares. Je n'entendrai jamais Giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce débat autrement qu'en s'engageant personnellement. Jamais il ne donnera de directives à quiconque. «Marchez seul. Que votre clarté vous suffise» — «Je n'écris pas pour qu'on me suive. J'écris pour que chacun fasse son compte en soi». Ce n'est pas une hagiographie de Giono que propose Magnan mais un récit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'années, à Manosque. C'est aussi un double portrait, du maître dont l'adolescent s'émerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rêve d'écriture.» |
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Aller à Rome avec Stendhal en 1829, c'est rencontrer trois villes superposées: la Rome romaine, ce champ de fouilles permanentes dont on espère encore des trésors de beauté, ce peuple qui a conservé l'orgueil et la dureté antiques; la ville des papes, cité de l'art, ville-musée, ville-oeuvre d'art dans l'harmonie de son climat, de ses édifices, de ses habitants, création des grands papes de la Renaissance; enfin, Rome est alors la capitale d'un Etat, où règne l'archaïsme politique et social d'une théocratie moribonde. Au service de ces trois villes, Stendhal a écrit un guide nonchalant, une série de contes, le journal intime d'une âme sensible au milieu des chefs-d'œuvre. Il rêve ce qu'il a vu, il voit ce qu'il a rêvé: nous pouvons toujours suivre, dans la cité sublime, ce génie de la flânerie. |
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- La guerre, on ne la fait pas: c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien: j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant... |
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Mallarmé, le 18 mars 1876, écrivait à Zola à propos de Son Excellence Eugène Rougon: «Un intérêt profond s'y dissimule admirablement sous le hasard plein de plis et de cassures avec lequel le narrateur d'aujourd'hui doit étoffer sa conception. Je considère votre dernière production comme l'expression la plus parfaite du point de vue que vous aurez à jamais l'honneur d'avoir compris et montré dans l'art de ce temps. Dans l'attrayante évolution que subit le roman, ce fils du siècle, Son Excellence marque encore un point formidable: là où ce genre avoisine l'histoire, se superpose complètement à elle et en garde pour lui tout le côté anecdotique et momentané, hasardeux. Quelle acquisition subite et inattendue pour la littérature que les Anglais appellent la fiction»! |
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««Je posai le revolver et le recouvris d'un journal. Je m'approchai de la porte et l'ouvris. C'était la sœur de ma femme, une veuve à la fois bonne et stupide ... — Vassia, va la voir. Ah! c'est affreux, dit-elle. «Aller la voir?» m'interrogeais-je. Aussitôt je me répondis qu'il fallait aller la voir, que probablement cela se faisait toujours. Quand un mari, comme moi, avait tué sa femme, il fallait certainement qu'il aille la voir. «Si cela se fait, il faut y aller, me dis-je. Et si c'est nécessaire j'aurai toujours le temps», songeai-je à propos de mon intention de me suicider... — Attends, dis-je à ma belle-sœur, c'est bête d'y aller sans bottes, laisse-moi au moins mettre mes pantoufles».» |
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Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils m'appellent fou. Ce serait un avancement en grade, si je n'étais pas resté pour eux tout aussi ridicule qu'auparavant. Mais à présent je ne leur en veux plus, à présent je les aime bien tous, et même quand ils rient de moi, même alors il y a quelque chose qui lait que je les chéris tout spécialement. Je rirais moi-même avec eux — non pour rire de moi, mais par tendresse pour eux — si je ne me sentais pas si triste en les regardant. Triste parce qu'il ne savent pas la Vérité, tandis que moi je sais la Vérité! Oh, comme il est pénible d'être seul à savoir la Vérité! Mais ils ne comprendront pas cela. Non, ils ne comprendront pas. |
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La première édition du Théâtre en liberté de Victor Hugo, tel qu'il le concevait à la fin de son exil, en 1869. Quatre drames et cinq comédies, en prose ou en vers, injouables alors à cause de la censure, mais qui tous l'ont été depuis. De la fantaisie la plus débridée (La Forêt mouillée) au réalisme le plus minutieux (L'Intervention). Du grotesque d'un tyran (Mangeront-ils?) à la folie meurtrière du fanatisme religieux (Torquemada). Tous les âges, toutes les classes de la société: des aristocrates aux S.D.F. (Mille francs de récompense). La révolte d'un peuple (L'Epée) et celle d'une femme (la seconde des Deux Trouvailles de Gallus). Entre Shakespeare et Brecht, la série de pièces la plus géniale du répertoire dramatique universel. Ce volume contient aussi: Les Gueux, Gabonus, Sur la lisière d'un bois, Être aimé. |
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Défiguré à la suite d'un accident, le narrateur émerge lentement de sa solitude et explore le monde duquel il s'était retiré. Le double regard, celui, distant, d'Almodovar qui le filme et celui, passionné, d'un transsexuel, lui fait comprendre peu à peu qu'il y a une fête au centre du vide. Les faits décrits dans ce roman sont purement imaginaires, notamment la relation entre le héros et Pedro Almodovar. |
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'Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres'. Ce Thésée, vieux et sage, calme enfin devant son destin, n'est-ce pas un peu André Gide, arrivé à l'heure du bilan? Thésée a été audacieux, aventureux pour le bien des hommes. Il a échappé aux pièges du Labyrinthe. Il a fondé Athènes, capitale de l'esprit. Et surtout, il est toujours demeuré clairvoyant. |
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«Dissiper les mystifications, dire la vérité, c'est un des buts que j'ai le plus obstinément poursuivis à travers mes livres. Cet entêtement a ses racines dans mon enfance; je haïssais ce que nous appelions ma sœur et moi la «bêtise»: une manière d'étouffer la vie et ses joies sous des préjugés, des routines, des faux-semblants, des consignes creuses. J'ai voulu échapper à cette oppression, je me suis promis de la dénoncer.» |
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