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Gallimard-Folio
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Quels sont les secrets qui unissent Nouchi, l'entraîneuse de dix-huit ans originaire de Vienne, et Bernard de Jonsac, ce Français d'une quarantaine d'années que tout le monde croit diplomate? Quels mystères se cachent derrière leur errance aux parfums d'insouciance? Partis d'Ankara, ils arrivent à Istanbul. Les nuits moites du Bosphore cachent des personnages qui se guettent, se haïssent, sympathisent parfois... Rien ne change dans ce décor où la torpeur gouverne. Et pourtant... Une femme est retrouvée comme morte, Nouchi fascine, et Bernard de Jonsac ferme les yeux sur ce qu'il ne veut pas comprendre. |
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Les Cloches de Bâle constituent le premier volume de la grande entreprise romanesque, Le Monde Réel.Trois femmes en sont les figures dominantes: Diane, la demi-mondaine; Catherine Simonidzé, jeune Géorgienne qui finit par abandonner les idées de l'anarchie pour se rapprocher du socialisme; Clara Zetkin, la femme nouvelle. L'ouvrage doit son titre au célèbre congrès socialiste de Bâle qui s'est tenu presque à la veille de la première guerre mondiale. |
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Le Collier de la reine est l'un des romans les plus romanesques d'Alexandre Dumas. Il se consacre à un épisode authentique du règne de Marie-Antoinette. La machiavélique comtesse de La Motte trame de ténébreuses intrigues et tend un piège qui révèle que la reine est une femme exposée aux atteintes du monde et aux violences de la passion. La prémonition d'une fin terrible plane sur toute l'intrigue et l'inscrit dans l'Histoire.Un roman d'aventures sous-tend la réalité historique et rend sa description palpitante. La figure mythique de Cagliostro, l'homme aux mille vies, incarne le thème du vengeur masqué, du héros satanique comme le sera Monte-Cristo. Jeanne de La Motte rappelle Milady, la femme maléfique. On ne manque ni de demeures mystérieuses, ni de secrets, ni de passages dérobés, ni de figures masquées, ni de fausses reines. De cette histoire, et de l'Histoire, personne ne sortira indemne: point de happy end. |
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«Ce recueil posthume, publié en 1900, réunit des récits de Maupassant parus dans les journaux entre 1882 et 1887 (surtout en 1883). Ils se présentent sous des formes très souples, billets d'humeur, anecdotes, nouvelles. Certains donnent à rire ou à sourire: ainsi ceux qui concernent le «bourgeois», que l'auteur place dans des situations inattendues, voire cocasses. Mais d'autres mettent en scène des êtres à la sensibilité blessée par la vie. Maupassant a toujours considéré celle-ci comme absurde et cruelle. Le sentiment d'abandon, l'inquiétude, la disparité sans remède — selon lui — entre l'homme et la femme, la guerre, fléau majeur, tout cela inspire à l'écrivain hanté par la mort des pages qui, par les mots et les objets les plus simples, suscitent une prenante impression de solitude, voire un fantastique intérieur.» |
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Juillet 1099: Les Francs s'emparent de Jérusalem qu'ils assiégeaient. Emporté par le vent de l'Histoire, Brunissen, Flaminia et Alaïs, les trois filles de Garin le parcheminier de Chartres, vont vivre dans leur cœur et dans leur chair l'affrontement de la Chrétienté et de l'Islam. Pendant que Godefroi de Bouillon fonde le royaume franc de Jérusalem, les trois sœurs, au fil des jours, traverseront heurs et malheurs en Terre sainte. A l'image du destin tourmenté du royaume naissant, leur sort sera semé de pièges. L'une songera à repartir pour Chartres, les autres à demeurer à Jérusalem. |
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La Fontaine attachait autant d'importance à ses Contes et Nouvelles qu'à ses Fables. Inspirés du Décaméron, de l'Arioste, de Machiavel autant que de Rabelais et du fonds gaulois, ils sont tous un hommage à l'amour physique, au jeune désir, au fruit défendu, le seul qui compte, au plaisir dérobé mais toujours pardonné. Bacheliers et nonnains, galantes commères et maris trompés y composent une humanité de gaillardise et de ruse évoquée avec un cynisme souriant qui fait des Contes un des chefs-d'œuvre de la littérature licencieuse. |
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Comment le Père Noël donnerait-il le sein à l'Enfant Jésus? L'Ogre du Petit Poucet était-il un hippie? Un nain peut-il devenir un surhomme? Est-il possible de tuer avec un appareil de photographie? Le citron donne-t-il un avant-goût du néant? A ces questions — et à bien d'autres plus graves et plus folles encore — ce livre répond par des histoires drôles, navrantes, exaltantes et toujours exemplaires. |
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La passion, sous l'apparence de la démesure, peut en réalité ramener à l'essentiel, faire prendre tous les risques et réveiller les démons. Les siens comme ceux des autres. Le quotidien, plus insidieusement, confine plus sûrement à la folie et oblige à tolérer l'impossible. L'URSS, en 1978, nage en plein marasme. L'antisémitisme et la misère galopent dans les rues pouilleuses de Moscou. Aliocha, fils quasi renié d'une grande famille d'apparatchiks, est hanté par le passé d'une jeune Juive dont le père a été exécuté par Beria. À vouloir élucider ce meurtre, Aliocha réveille sans le savoir les monstres assoupis. Entre les mythes et la réalité, les tribunaux secrets et le mensonge, la terreur domine. La machine répressive se met en marche. Dans le fracas des émotions humaines, pourtant, la peur ne gagne pas toujours... |
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Monsieur, je vous jure que je n'ai rien dit qui pût vous offenser. Et qui vous dit que je suis offensé, s'écria M. de Charlus avec fureur en se redressant violemment sur la chaise longue où il était resté jusque-là immobile, cependant que, tandis que se crispaient les blêmes serpents écumeux de sa face, sa voix devenait tour à tour aiguë et grave comme une tempête assourdissante et déchaînée... Pensez-vous qu'il soit à votre portée de m'offenser? Vous ne savez donc pas à qui vous parlez? Croyez-vous que la salive envenimée de cinq cents petits bonshommes de vos amis, juchés les uns sur les autres, arriverait à baver seulement jusqu'à mes augustes orteils? |
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Jean a toujours vécu heureux avec ses deux tantes, dans son village de Marsilly, non loin de La Rochelle. Il aime son travail de bouchoteur, sa moto et une partie de billard de temps à autre; la vie lui semble unie, simple, sans mystère. Mais un incident lui fera découvrir que le village n'est pas aussi serein qu'il le paraît et que ses tantes elles-mêmes cachent des secrets. On l'oblige à partir et, lorsqu'il revient, le village a repris son visage impassible. Curieuse sérénité... |
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«Messire de Tourneville s'apprêtoit à rejoindre le bon roi Édouard guerroyant en France quand, à la stupeur générale, un fantastique engin volant atterrit près de son château, libérant toute une flopée de drôles de petits hommes bleus aux longues oreilles. «Sans doute des Sarrasins que ces maudits Français auront ralliés à leur cause», songe le bon Roger qui les fait illico trucider. Grâce au merveilleux char volant pris à l'ennemi, il ira libérer la Terre sainte. Mais trahison! Au lieu de mettre obligeamment le cap sur Jérusalem, un otage détourne à travers les espaces intersidéraux nos preux chevaliers bardés de fer qui, s'ils ne comprennent pas grand-chose au film, n'en démontreront pas moins à toute la galaxie ce qu'un loyal sujet de la Couronne d'Angleterre peut faire avec une simple arbalète, un peu de ruse et beaucoup de vaillance!» |
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Monseigneur, dit l'abbé de Grancour, tout est inutile, et nous aurons la douleur de voir mourir ce malheureux Tascheron en impie, il crachera sur le crucifix, il reniera tout, même l'enfer... Quand Tascheron doit-il être exécuté? demanda l'Evêque. Demain, jour de marché, répondit monsieur de Grancour. Messieurs, la religion ne saurait avoir le dessous, s'écria l'Evêque. L'Eglise se trouve en des conjonctures difficiles. Nous sommes obligés à faire des miracles dans une ville industrielle où l'esprit de sédition contre les doctrines religieuses et monarchiques a poussé des racines profondes... J'irai voir ce malheureux. |
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«La France de Napoléon III vue par Zola: «A cette heure, Paris offrait, pour un homme comme Aristide Saccard, le plus intéressant des spectacles. L'Empire venait d'être proclamé... Le silence s'était fait à la tribune et dans les journaux. La société, sauvée encore une fois, se félicitait, se reposait, faisait la grasse matinée, maintenant qu'un gouvernement fort la protégeait et lui ôtait jusqu'au souci de penser et de régler ses affaires. La grande préoccupation de la société était de savoir à quels amusements elle allait tuer le temps. Selon l'heureuse expression d'Eugène Rougon, Paris se mettait à table et rêvait gaudriole au dessert... L'Empire allait faire de Paris le mauvais lieu de l'Europe».» |
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«Trop de faveur nuit: écrite en 1848, devenue aussitôt et définitivement un mythe, La Dame aux Camélias a été si souvent transposée, adaptée, filmée que Verdi et Greta Garbo ont fait un peu oublier l'oeuvre elle-même. Une oeuvre qui est un document social. Mais surtout un très grand livre, écrit dans la langue la plus forte, avec d'admirables dialogues et un portrait de femme si émouvant, étrange et déconcertant de candeur perverse que Marguerite Gautier est déjà la soeur des héroïnes d'Ibsen et de Dostoïevski. Les pièces et les ouvrages postérieurs de Dumas fils sont peut-être, comme disait Jules Renard, un peu trop bien «dumaficelés». Mais La Dame aux Camélias permet de comprendre pourquoi Maupassant et Tolstoï ont vu en lui un des plus grands romanciers de leur temps.» |
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Ecrivain singulier, inclassable, humaniste et étonnamment moderne, Montaigne prône la tolérance. Mêlant expérience personnelle, commentaires moraux et réflexion, il offre une vision de l'homme toujours en mouvement, sans préjugés, à la fois fort et fragile. D'une grande liberté d'écriture, Montaigne nous offre quelques pages pleines de malice et de sagesse pour nous aider à conduire notre vie. |
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Tout à coup, l'un des valets m'a enlevé ma veste, et l'autre a pris mes deux mains qui pendaient, les a ramenées derrière mon dos, et j'ai senti les nœuds d'une corde se rouler lentement autour de mes poignets rapprochés. En même temps, l'autre détachait ma cravate. Ma chemise de batiste, seul lambeau qui me restât du moi d'autrefois, l'a fait en quelque sorte hésiter un moment: puis il s'est mis à en couper le col. A cette précaution horrible, au saisissement de l'acier qui touchait mon cou, mes coudes ont tressailli, et j'ai laissé échapper un rugissement étouffé. La main de l'exécuteur a tremblé. Monsieur, m'a-t-il dit, pardon! Est-ce que je vous ai fait mal? Ces bourreaux sont des hommes très doux. |
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Victor Hugo a vingt-six ans quand il écrit, en deux mois et demi, Le Dernier jour d'un Condamné, roman qui constitue sans doute le réquisitoire le plus véhément jamais prononcé contre la peine de mort. Nous ne saurons pas qui est le Condamné, nous ne saurons rien du crime qu'il a commis. Car le propos de l'auteur n'est pas d'entrer dans un débat mais d'exhiber l'horreur et l'absurdité de la situation dans laquelle se trouve n'importe quel homme à qui l'on va trancher le cou dans quelques heures. Ce roman — aux accents souvent étrangement modernes — a une telle puissance de suggestion que le lecteur finit par s'identifier au narrateur dont il partage tour à tour l'angoisse et les vaines espérances. Jusqu'aux dernières lignes du livre, le génie de Victor Hugo nous fait participer à une attente effarée: celle du bruit grinçant que fera le couperet se précipitant dans les rails de la guillotine. Quiconque aura lu ce livre n'oubliera plus jamais cette saisissante leçon d'écriture et d'humanité. |
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Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des Journées entières dans les arbres. |
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«Cette pièce peut passer pour un complément, une suite aux Mains sales, bien que l'action se situe quatre cents ans auparavant. J'essaie de montrer un personnage aussi étranger aux masses de son époque, qu'Hugo, le jeune bourgeois, héros des Mains sales, l'était, et aussi déchiré. Cette fois, c'est un peu plus gros. Gœtz, mon héros, incarné par Pierre Brasseur, est déchiré, parce que, bâtard de noble et de paysan, il est également repoussé des deux côtés. Le problème est de savoir comment il lâchera l'anarchisme de droite pour aller prendre part à la guerre des paysans... J'ai voulu montrer que mon héros, Gœtz, qui est un genre de franc-tireur et d'anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines, mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu'il fait finit par profiter au prince, ce qui l'agace profondément. Quand, dans la deuxième partie, il essaie de faire un bien absolument pur, cela ne signifie rien non plus. Il donne des terres à des paysans, mais ces terres sont reprises à la suite d'une guerre générale, qui d'ailleurs éclate à propos de ce don. Ainsi, en voulant faire l'absolu dans le bien ou dans le mal, il n'arrive qu'à détruire des vies humaines... La pièce traite entièrement des rapports de l'homme à Dieu, ou, si l'on veut, des rapports de l'homme à l'absolu»... Jean-Paul Sartre. |
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«Lorsque Frida annonce son intention d'épouser Diego Rivera, son père a ce commentaire acide: «Ce seront les noces d'un éléphant et d'une colombe». Tout le monde reçoit avec scepticisme la nouvelle du mariage de cette fille turbulente mais de santé fragile avec le «génie» des muralistes mexicains, qui a le double de son âge, le triple de son poids, une réputation d'ogre et de séducteur, ce communiste athée qui ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il incite les ouvriers à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique — le prêtre, le bourgeois, l'homme de loi. Diego et Frida raconte l'histoire d'un couple hors du commun. Histoire de leur rencontre, le passé chargé de Diego et l'expérience de la douleur et de la solitude pour Frida. Leur foi dans la révolution, leur rencontre avec Trotski et Breton, l'aventure américaine et la surprenante fascination exercée par Henry Ford. Leur rôle enfin dans le renouvellement du monde de l'art. Etrange histoire d'amour, qui se construit et s'exprime par la peinture, tandis que Diego et Frida poursuivent une œuvre à la fois dissemblable et complémentaire. L'art et la révolution sont les seuls points communs de ces deux êtres qui ont exploré toutes les formes de la déraison. Frida est, pour Diego, cette femme douée de magie entrevue chez sa nourrice indienne et, pour Frida, Diego est l'enfant tout-puissant que son ventre n'a pas pu porter. Ils forment donc un couple indestructible, mythique, aussi parfait et contradictoire que la dualité mexicaine originelle, Ometecuhtli et Omecihuatl.» |
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