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Gallimard-Folio
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«Dernier roman de Vladimir Nabokov, publié en 1974, trois ans avant sa mort, Regarde, regarde les arlequins revêt la trompeuse transparence de l'autobiographie: celle d'un certain Vadim Vadimovitch, écrivain russe émigré qui, parvenu au seuil de la vieillesse, évoque sa vie, sa carrière et son œuvre à travers ses relations avec les «trois ou quatre femmes» qu'il a épousées successivement. La Côte d'Azur des années vingt et sa jeunesse dorée, le Paris des émigrés et ses conspirateurs, le milieu universitaire américain, ses libéraux et ses snobs, un hôtel de Leningrad, dans les années soixante, avec ses gardiennes d'étage musclées, un lac suisse de carte postale, perfide et pittoresque, servent de décor à un drame aux épisodes contrastés, où surgissent, chatoient et disparaissent tour à tour les grands thèmes nabokoviens — arlequins venant saluer une dernière fois avant que ne tombe le rideau.» |
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«Tolstoï entame une enquête immense, descend dans l'enfer putride des prisons, scrute les détenus, polémique avec les «idéologues» révolutionnaires, interroge le peuple. Résurrection se veut un roman total, mais cette fois-ci le Tolstoï millénariste refuse la durée et exige tout tout de suite: le salut total de la création. C'est peut-être ce qui fait de Résurrection, paru quand naissait le XXe siècle, un signe avant-coureur des grands soubresauts millénaristes de notre siècle à nous.» |
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En sortant d'une longue et douce rêverie, en me voyant entouré de verdure, de fleurs, d'oiseaux et laissant errer mes yeux au loin sur les romanesques rivages qui bordaient une vaste étendue d'eau claire et cristalline, j'assimilais à mes fictions tous ces aimables objets; et me trouvant enfin ramené par degrés à moi-même et à ce qui m'entourait, je ne pouvais marquer le point de séparation des fictions aux réalités; tant tout concourait également à me rendre chère la vie recueillie et solitaire que je menais dans ce beau séjour. |
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Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante, était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, s'y croisaient chaque jour, et quelque chose de la fabrication de la pensée classique, c'est-à-dire de la philosophie, y était encore perceptible. Peut-être, à un degré différent et sur un autre mode, ce qu'était Alger ou Beyrouth à la même époque. L'exil, la recherche d'une terre, font partie de ce qui m'a été donné premièrement. Il m'a toujours semblé, comme l'a dit Flannery O'Connor, qu'un romancier doit être porté à écrire sur les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné. |
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«J'ai retenu trois figures, toutes de cœur, tandis que j'écartais une partie de moindre importance. Les deux nouvelles cartes qui m'ont été distribuées pouvaient justifier la manœuvre, car j'ai toujours eu la main heureuse au poker. Discret, furtif, pointant à peine à travers la fumée piquante du tabac, le bord d'une carte se fraye un chemin sous mon pouce. As de cœur — qu'on appelle cœur de grenouille en Californie. Et les grelots du joker! Il ne me reste qu'à espérer que mes bons vieux partenaires dont les jeux regorgent de quintes et de mains pleines penseront que je suis en train de bluffer». |
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Je suis tombé avec Napoléon, disait Stendhal. Si, heureusement pour lui et pour nous, il s'est relevé, c'est en grande partie grâce à l'Italie, au pays bien-aimé dont le paysage politique en 1826 n'est pas plus séduisant que celui de la France de la Restauration mais où la peinture et la musique, Raphaël et les soirées passées près d'une «dilecta» à la Scala ou au San Carlo disent que, dans les pires défaillances de l'histoire, il y a toujours la solution de la chasse au bonheur.Rome, Naples et Florence: un guide de voyage toujours actuel, une promenade en compagnie du plus aimable des hommes à travers trois capitales délicieusement embaumées, dont la lenteur à épouser la modernité fait penser au mot de Stravinsky répondant à qui se plaignait des longueurs de Schubert: «Qu'est-ce que cela peut faire qu'on dorme puisqu'on est au Paradis»? |
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«Quand il ouvrit la porte, tous les yeux se tournèrent vers lui: — Que me voulez-vous? dit-il.Laurent était assis à califourchon sur une chaise devant le feu.- Il faut que je sache si c'est décidé ou non pour demain matin, dit Laurent. Demain. Il regarda autour de lui. La pièce sentait la lessive et la soupe aux choux. Madeleine fumait, les coudes sur la nappe. Denise avait un livre devant elle. Ils étaient vivants. Pour eux, cette nuit aurait une fin; il y aurait une aube»... |
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«Les parties blanches de barbes jusque-là entièrement noires rendaient mélancoliques le paysage humain de cette matinée, comme les premières feuilles jaunes des arbres alors qu'on croyait encore pouvoir compter sur un long été, et qu'avant d'avoir commencé d'en profiter on voit que c'est déjà l'automne. Alors moi qui depuis mon enfance, vivant au jour le jour et ayant reçu d'ailleurs de moi-même et des autres une impression définitive, je m'aperçus pour la première fois, d'après les métamorphoses qui s'étaient produites dans tous ces gens, du temps qui avait passé pour eux, ce qui me bouleversa par la révélation qu'il avait passé aussi pour moi. Et indifférente en elle-même, leur vieillesse me désolait en m'avertissant des approches de la mienne». |
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Les Tahitiennes sont fières de montrer leur gorge, d'exciter les désirs, de provoquer les hommes à l'amour. Elles s'offrent sans fausse pudeur aux marins européens qui débarquent d'un long périple. Dans les marges du récit que Bougainville a donné de son voyage, Diderot imagine une société en paix avec la nature, en accord avec elle-même. Mais l'arrivée des Européens avec leurs maladies physiques et surtout morales ne signifie-t-elle pas la fin de cette vie heureuse? Entre l'information fournie par Bougainville et l'invention, Diderot fait dialoguer deux mondes, mais il fait surtout dialoguer l'Europe avec elle-même. Il nous force à nous interroger sur notre morale sexuelle, sur nos principes de vie, sur le colonialisme sous toutes ses formes. Il nous invite à rêver avec lui à un paradis d'amours impudiques et innocentes. La petite île polynésienne ne représente-t-elle pas la résistance à toutes les normalisations? |
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«En face, à quelque distance, on distinguait le bloc d'une patrouille ennemie. Cette patrouille voyait Guillaume et ne bougeait pas. Elle se croyait invisible...- Fontenoy ! cria-t-il à tue-tête, transformant son imposture en cri de guerre. — Et il ajouta, pour faire une farce en se sauvant à toutes jambes: Guillaume II.Guillaume volait, bondissait, dévalait comme un lièvre.N'entendant pas de fusillade, il s'arrêta, se retourna, hors d'haleine.Alors, il sentit un atroce coup de bâton sur la poitrine. Il tomba. Il devenait sourd, aveugle.- Une balle, se dit-il. Je suis perdu si je ne fais pas semblant d'être mort». |
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«On ne présente plus le roman le plus populaire de l'écrivain français le plus lu dans le monde: le voyage haletant de Phileas Fogg, Passepartout et la princesse. couda fait désormais partie du patrimoine littéraire mondial. Leur aventure marque la fin de l'âge de l'exploration pour ouvrir l'ère de la modernité: c'est désormais en ligne droite, dans un espace-temps réduit à une seule dimension que le tour du monde s'accomplit. Mais ce voyage linéaire, loin de n'être qu'un dérisoire retour au point de départ, est avant tout le terrain d'une transformation: l'excentrique gentleman qui regagne le 7, Savile Row n'est-il pas devenu «le plus heureux des hommes»?» |
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«Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura: — Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids». |
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Ce court roman de Dumas commence comme un roman de cape et d’épée. Deux frères cherchent à quitter La Haye, poursuivis pour des questions politiques. Ils meurent et on retrouve un jeune homme, toute bonté, tulipier, pris malgré lui dans une affaire qui le dépasse. Il se retrouve emprisonné par la malveillance de son voisin, qui voyant qu’il est sur le point de faire éclore la «tulipe noire» l’accuse de complicité avec les deux frères. Roman peu connu, peu publié, il répond aux programme du collège dans lesquels Dumas appartient à la liste des romanciers recommandés pour le 19e siècle. |
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«Que Mérimée transporte son lecteur en Corse, avec Mateo Falcone et Colomba, ou dans le Roussillon, avec La Vénus d'Ille, c'est à chaque fois pour le dépayser. Terre étrange, en effet, voire étrangère, que la Corse du XIXe siècle aux yeux des Français continentaux: autre par ses paysages et son habitat, autre par la rudesse farouche du sens de l'honneur et de la vengeance au nom duquel on y règle les conflits dans le sang. Mais terre étrange, aussi, que cette Catalogne française, berceau énigmatique d'une Vénus gréco-phénicienne dont la «vengeance» signe une des réussites les plus justement fameuses de ce fantastique français (Nodier, Gautier, Balzac...) pétri d'intelligence, de profondeur et d'humour. Lire Mérimée, c'est, au-delà du divertissement, changer de vision du monde.» |
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Marivaux est aussi grand dans le roman qu'au théâtre. Il fait ici le tableau d'une destinée, et montre tous les aspects du génie féminin opposés à la froide raison. Dans cette autobiographie fictive, les scènes attendrissantes, le goût des larmes se manifestent déjà. Les faits ne sont que prétextes aux aventures spirituelles. L'héroïne, de noble origine, enlevée par des brigands, connaît d'abord une condition modeste. Prise entre les avances excessives des uns et l'amour des autres, que lui arrive-t-il? Les événements, les analyses, les portraits, la peinture des mœurs, aussi bien aristocratiques que populaires, font le charme de ce grand roman, et de Marianne elle-même: ici, tout est esprit, romanesque et beauté. Nous autres jolies femmes, car j'ai été de ce nombre, personne n'a plus d'esprit que nous, quand nous en avons un peu: les hommes ne savent plus alors la valeur de ce que nous disons; en nous écoutant parler, ils nous regardent, et ce que nous disons profite de ce qu'ils voient. |
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«La vie de chacun d'entre nous n'est pas une tentative d'aimer. Elle est l'unique essai». |
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«Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée. Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l'étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer». |
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Sauras-tu imiter le cri de ces animaux? Relie les mots qui commencent par le même son, la même lettre, ou la même syllabe... Avec des autocollants. |
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Toute la nature mise à la portée des plus jeunes : les saisons, le temps qu'il fait, le jour et la nuit, les paysages, les plantes et les animaux. |
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L'intégrale des vingt-trois contes dont les héros sont Pierre Lapin, Tom Chaton, Sophie Canétang et autres personnages inoubliables, quatre inédits... tout l'univers enchanteur de la géniale Miss Potter. |
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