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Gallimard-Folio
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«Lors allant trouver la reine sa mère envoya quérir Monsieur de Guise et tous les autres princes et capitaines catholiques, où fut pris résolution de faire, la nuit même, le massacre de la Saint-Barthélemy. Les huguenots me tenaient suspecte parce que j'étais catholique, et les catholiques parce que j'avais épousé le roi de Navarre, qui était huguenot. De sorte que personne ne m'en disait rien».» |
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«Comme le dit très justement le gendarme Poustacrouille, qui participa à la tuerie finale, «tendre la joue c'est bien joli», mais que faire quand on a en face de soi «des gens qui veulent tout détruire?» On crache sur le pays, la famille, l'autorité, non mais des fois! Quelle engeance, ces anars! Et quelle idée aussi de croire qu'on va tout révolutionner en enlevant l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris!» |
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Martin Terrier était pauvre, esseulé, bête et méchant, mais pour changer tout ça, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite. Après avoir pratiqué dix ans le métier d'assassin, fait sa pelote et appris les bonnes manières, il allait rentrer au pays retrouver sa promise et faire des ronds dans l'eau... Mais pour se baigner deux fois dans le même fleuve, il faut que beaucoup de sang passe sous les ponts. |
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«Elle portait des cheveux un peu plus longs que par le passé. Sa blondeur s'était mêlée d'argent. Son visage gardait la beauté simple qui en était la marque. A peine les rides l'avaient-elles tissé d'un mince réseau de blessures. Le temps s'était déposé en elle, avec sa fatigue et son poids, comme une poussière. Etaient-ce les années vécues sans la voir qui me faisaient la croire plus jeune qu'elle n'était en vérité»? A la mort de sa mère, le narrateur revient sur les lieux de son enfance, dans une petite ville du Nord inondée par la crue d'une rivière. Durant les trois jours qu'il passera là surgissent les figures disparues, celle de la mère bien sûr, jadis aimée plus que tout, et celle plus inquiétante du père absent dont la légende dit qu'il est mort dans une guerre lointaine. Roman poignant où, par petites touches, Philippe Claudel explore l'amour filial avec une extrême délicatesse et une surprenante réserve.» |
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«Je me savais à présent incapable de dire la vérité de notre temps. Je n'étais ni un témoin objectif, ni un historien, ni surtout un sage moraliste. Je pouvais tout simplement reprendre ce récit interrompu alors par la nuit, par les routes qui nous attendaient, par les nouvelles guerres». Un médecin militaire, engagé par les services de renseignements soviétiques, retrace l'hallucinant destin de son grand-père Nikolaï et de son père Pavel, les oppressions des années 20, les purges, les violences nazies et la Seconde Guerre mondiale... Un chant pour les morts d'hier et aujourd'hui, une tragédie jalonnée de crimes, de viols et d'illusions perdues.» |
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«Ma mère, quand elle m'a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu'elle n'a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m'a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans».» |
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«Onze «faits divers», d'une banalité tout apparente. Qu'il s'agisse d'un groupe d'ouvriers misérables passant en fraude la frontière italienne, de deux jeunes filles fugueuses, d'un enfant voleur, d'une femme accouchant seule sur la moquette d'un mobile home, surveillée par son chien-loup au regard de braise, qu'il s'agisse de la fillette broyée par un camion, ou de la fillette violée dans une cave de H.L.M., l'auteur impose aux faits une étrangeté bouleversante. L'incident s'annule au profit du dénominateur commun de toute souffrance humaine qu'articulent l'horreur de la solitude, la répression, l'injustice et, quoi qu'il arrive, le fol et vain espoir de rencontrer, dans l'amour et dans la liberté, une merveilleuse douceur.» |
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«C'est alors que, d'une voix presque éteinte, en acceptant l'échec et ne demandant plus rien, je parlai de Jacques Dorme. Je réussis à dire sa vie en quelques phrases brèves, nues. Je me trouvais dans un état d'abattement tel que j'entendais à peine ce que je disais. Et c'est dans cet état seulement que je fus capable d'exprimer toute la douloureuse vérité de cette vie. Un aviateur venu d'un pays lointain rencontre une femme du même pays et, pendant très peu de jours, dans une ville dont il ne restera bientôt que des ruines, ils s'aiment; puis il part au bout de la terre pour conduire les avions destinés au front, et meurt, en s'écrasant sur un versant de glace, sous le ciel blême du cercle polaire. Je l'avais dit autrement. Non pas mieux, mais plus brièvement encore, plus près de l'essence de leur amour».» |
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Un homme tout juste sorti du coma qui reçoit de l'infirmière qui l'a veillé la transcription de ses secrets les plus enfouis, de son passé le plus perdu. Un type qui veut être enterré près d'un bordel. Des histoires de couples, de magnétoscope et de pétition. Des rencontres qui ne se feront jamais, des rencontres qui se feront tout de même. La solitude d'un surdoué de neuf ans. Dix nouvelles succulentes, à l'ironie douce-amère, au style léger et aux intrigues à pirouettes, par l'auteur de Saga. |
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«Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive: Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur. Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son «trou juif», elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d'eux-mêmes» qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.» |
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Grégoire déteste l'école, si fort qu'en sixième il a déjà redoublé deux fois. Le seul endroit qu'il aime, son refuge, c'est le cabanon de son grand-père Léon, avec qui il passe des heures à bricoler. Quand Grégoire est renvoyé du collège, pourtant, Léon est furieux. Il renonce à consoler son petit-fils et lui refuse sa protection. Il est temps, peut-être, que Grégoire accepte de grandir... |
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«En ce temps-là, on mettait des photographies géantes de produits sur les murs, les arrêts d'autobus, les maisons, le sol, les taxis, les camions, la façade des immeubles en cours de ravalement, les meubles, les ascenseurs, les distributeurs de billets, dans toutes les rues et même à la campagne. La vie était envahie par des soutiens-gorge, des surgelés, des shampoings antipelliculaires et des rasoirs triple-lame. L'œil humain n'avait jamais été autant sollicité de toute son histoire: on avait calculé qu'entre sa naissance et l'âge de 18 ans, toute personne était exposée en moyenne à 350 000 publicités. Même à l'orée des forêts, au bout des petits villages, en bas des vallées isolées et au sommet des montagnes blanches, sur les cabines de téléphérique, on devait affronter des logos «Castorama», «Bricodécor», «Champion Midas» et «La Halle aux Vêtements». Il avait fallu deux mille ans pour en arriver là.» |
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Je ne suis pas seul. Il est avec moi. Lui est américain, moi français. Nous parlons la même langue: celle des rats. Nous sommes enfermés dans un labyrinthe. Sans eau, sans montre, sans lumière, sans rien d'autre que notre volonté de forcer un coffre-fort avec nos mains nues. Pas pour y prendre de l'argent: pour en mettre. De toute manière, si le coffre s'ouvre, nous nous entre-tuerons... Écrit directement pour l'écran, Adieu l'ami a été réalisé par Jean Herman, avec Alain Delon, Charles Bronson et Brigitte Fossey. |
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Une morte vêtue de blanc supplie qu'on la coiffe, un loup monstrueux attaque les chasseurs, un enfant rêve de la mort de son père, une pierre tombale se soulève... Hallucinations, cauchemars ou phénomènes surnaturels? Des cimetières aux châteaux hantés, Maupassant nous attire aux confins de la folie et de la peur. |
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Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël. Côté cœur, tante Julia a été séduit par ma nature de bouc (de bouc émissaire). Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné. Pourquoi moi? Je dois avoir un don... |
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Jacques Rainier, cinquante-neuf ans, industriel, est aux prises avec des difficultés en affaires au moment où sa liaison avec une jeune Brésilienne le rend très heureux. A la suite des confidences angoissées d'un ami obsédé par le mythe de la virilité, la peur du déclin sexuel s'insinue en lui, l'envahit, le détruit, ne le quitte plus. En osant s'attaquer à un sujet tabou, Gary a soulevé un débat passionné, qui a connu un grand retentissement. Mais son livre cru et dur, dominé par un humour amer, reste aussi un roman d'amour plein de tendresse. |
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Quels étranges liens unissent la jeune Katia et le vieux professeur d'université Nicolaï Stépanovitch? Il a regardé grandir l'orpheline, l'a vue amoureuse et heureuse, puis souffrante et désespérée. À l'automne de sa vie, Nicolaï a perdu toutes ses illusions et partage avec Katia les mêmes ténèbres et les mêmes silences, sans pouvoir lui tendre la main... Une nouvelle sombre et cruelle où bonheur et amour semblent inaccessibles... Un texte fort et vrai par l'un des plus grands écrivains dramatiques russes, l'auteur de La Mouette et La Cerisaie. |
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BARTHOLO: Euh! euh! Les Journaux et l'Autorité nous en feront raison. Siècle barbare!... ROSINE: Vous injuriez toujours notre pauvre siècle. BARTHOLO: Pardon de la liberté: qu'a-t-il produit pour qu'on le loue? Sottises de toute espèce: la liberté de penser, l'attraction, l'électricité, le tolérantisme, l'inoculation, le quinquina, l'Encyclopédie et les drames... ROSINE: (Le papier lui échappe et tombe dans la rue.) Ah! ma chanson! ma chanson est tombée en vous écoutant; courez, courez donc, Monsieur; ma chanson! elle sera perdue. (Acte I, scène III). |
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Un homme tout juste sorti du coma qui reçoit de l'infirmière la transcription de ses secrets les plus enfouis, de son passé le plus perdu. Un jeune homme sur les traces d'un amour passé pour exaucer les dernières volontés de son oncle. Un type, un peu paumé, se souvient du temps où il savait arrêter la pluie. Un mari est prêt à tout pour rencontrer sa maîtresse malgré une femme maladivement jalouse. Un journaliste pense réaliser sa meilleure interview et conquérir la femme de sa vie en une soirée. Autant de personnages bien ordinaires, confrontés à des situations extraordinaires, et qui, de petites lâchetés en mensonges minables, se retrouvent fatalement dans une position aussi intenable que réjouissante... |
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«En vérité, l'Allemagne continue à me valoir – comme du temps de mon enfance, de ma jeunesse, de mon âge mûr – des tristesses et des joies, des blessures et des fleurs, des pertes irréparables et des richesses immenses». Michel Tournier raconte son lien intime avec l'Allemagne, sa famille germaniste, son rapport à la langue de Goethe, ses études universitaires dans le champ de ruines d'après-guerre... Par une réflexion inspirée d'un regard tendre, Michel Tournier fait battre le cœur de l'Europe et des peuples qui la composent. Il constate que les vertus dont chacun se réclame sont toujours celles qui lui font le plus défaut. Le bonheur en Allemagne est une promenade agréable dont la langue assurée et la justesse des vues soulignent ce qui fait la richesse, la force, mais aussi la faiblesse et le paradoxe de cette mosaïque séculaire qu'est l'Europe. |
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