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Gallimard-Folio
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Elle me dit: — T'aimer encore, c'est impossible. Vivre avec toi, je ne le veux pas. La fureur me possédait. Je tirai mon couteau. J'aurais voulu qu'elle eût peur et me demandât grâce, mais, cette femme était un démon. — Pour la dernière fois, m'écriais-je, veux-tu rester avec moi? — Non! non! non! dit-elle en frappant du pied. Et elle tira de son doigt une bague que je lui avais donnée, et la jeta dans les broussailles. Je la frappais deux fois... |
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«Il n'est rien de tel que l'admiration... Celui qui n'est pas capable d'admiration est un misérable. Aucune amitié n'est possible avec lui, car il n'y a d'amitié que dans le partage d'admirations communes. Qu'est-ce qu'une caresse? C'est un effleurement qui prend possession de la matière profonde. Le rite bien français des vacances au bord de la mer constitue un voyage initiatique dont nous portons tous la marque. On peut dire que l'océan — son mystère, son infini, sa grande vie solitaire sous le ciel changeant, c'est la métaphysique à la portée d'un enfant de sept ans. Le genou, bielle à la fois simple et complexe, dure et fragile, offensive et vulnérable est l'articulation clef d'où partent l'effort, l'essor, l'élan... Et il ne faut pas oublier l'envers du genou, sa face postérieure, le jarret exactement, cette gorge tendre, pâle et moite où s'inscrit un H majuscule. Au commencement, il y a la fadeur. Chaque civilisation se définit par une nourriture de base substantielle et fade désignée par un mot de trois lettres. Ce sont : le blé pour l'Occident, le mil pour l'Afrique et le riz pour l'Orient. Elles sont toutes les trois dépassées par un quatrième élément — également de trois lettres et d'une fadeur absolue: l'eau».» |
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Deux astronomes amateurs se livrent un combat sans merci pour s'approprier une sphère d'or apparue dans l'espace. Une chasse cosmique et comique, l'occasion pour Jules Verne de stigmatiser l'auri sacra fames — cette maudite soif de l'or. La cupidité, mais aussi l'institution du mariage et celle du divorce, la liberté des mœurs en Amérique sont également les cibles de son humour massacrant, avec une telle liberté de ton que son éditeur, après la mort de l'écrivain, ajoutera au texte des personnages et en atténuera la portée polémique et philosophique. Par bonheur, un éminent collectionneur retrouvera le texte de Jules Verne. C'est cette version de La Chasse au météore, la seule authentique, qui est aujourd'hui accessible au lecteur: l'un des derniers voyages de Verne et sans doute l'un des plus extraordinaires. |
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«Ce volume rassemble, autour du Chef d œuvre inconnu, six autres nouvelles. Elles ont été choisies parce qu'elles traitent de la peinture, où qu'elles ont une valeur picturale particulière, qu'elles sont «colorées». Dans Le Chef-d'œuvre inconnu, le vieux maître Frenhofer met dix ans à terminer son tableau; lorsqu'il le montre enfin, ses amis n'y voient que chaos. Pierre Grassou est, au contraire, un peintre sans talent, humble et touchant, dont s'engoue une famille bourgeoise. Facino Cane met en scène un clarinettiste aveugle, qui entraîne le héros à Venise. L'Elixir de longue vie, L'Auberge rouge, Maître Cornélius, Un drame au bord de la mer suggèrent l'influence de Delacroix. On trouvera donc ici à la fois une esthétique et des aventures romanesques. C'est l'œil de Balzac visionnaire qui brille dans ces sept beaux récits: le premier est célèbre, les autres méritent de le devenir.» |
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Vladimir, Russe blanc au service d'une richissime et extravagante veuve française dont il est l'amant, ne supporte plus l'amour naïf et puissant unissant son ami de toujours à la jeune fille de sa patronne. Il envie la beauté de ce qui les lie, la simplicité si puissante du temps qu'ils se donnent, la sincérité de leurs joies. Vladimir est ensorcelé. Que valent l'amitié et la raison devant une telle folie? Vladimir ira bien au-delà de ce dont il se serait cru capable... |
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- Monsieur, lui dit Boucard, voulez-vous avoir la complaisance de nous donner votre nom, afin que le patron sache si... — Chabert. — Est-ce le colonel mort à Eylau? — demanda Huré qui n'ayant encore rien dit était jaloux d'ajouter une raillerie à toutes les autres. — Lui-même, monsieur, répondit le bonhomme avec une simplicité antique. Et il se retira. |
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«Voici des nouvelles sur le «royaume des femmes». Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur. Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie («Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas»), et une grande variété de tableaux: «Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur». L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.» |
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«De tous mes livres russes, «La défense de Loujine» est celui qui contient et dégage la plus grande «chaleur» — ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d'abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même au gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est frustre, sale, laid — mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y a quelque chose en lui qui transcende aussi bien la rudesse de sa peau grise que la stérilité de son génie abscons.» |
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«La toute jeune Lalla a pour ancêtres les «hommes bleus», guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers «leur» désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.» |
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Le Don n'est pas seulement un roman — autobiographique ou non — mais aussi une étude littéraire, un livre à l'intérieur d'un livre, dans lequel sont analysés minutieusement tous les mécanismes de la création, et les bases sur lesquelles elle repose: la mémoire, dans les poèmes sur l'enfance; l'imagination, dans la tentative d'interprétation concernant l'univers paternel; la réalité historique. |
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En 1845, le pasteur Eléazar quitte son Irlande natale avec sa femme et ses deux enfants pour émigrer en Amérique, comme des milliers de ses compatriotes chassés par la grande famine. Débarquant en Virginie, il entreprend la traversée du continent pour gagner cette Californie qui se confond pour beaucoup avec la Terre promise. Parvenu dans le désert du Colorado, il lui semble qu'un voile se déchire devant ses yeux et qu'il lit pour la première fois la Bible. Sa propre aventure s'éclaire à la lumière du destin grandiose de Moïse. Il comprend que le drame de Moïse, c'était son déchirement entre le Buisson ardent, symbole du sacré, de la voix Yahweh, et les sources que ne cessent de lui réclamer les Hébreux pour leurs femmes, pour leurs enfants, leur bétail et leurs cultures. Un choix tragique s'impose entre la Source et le Buisson. |
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««Je restai très longtemps immobile près du lit, la tasse à la main, regardant le visage qui se figeait et devenait gris. Lorsque grand-père entra, je lui dis: «Elle est morte, ma mère». Il jeta un coup d'œil vers le lit: «Qu'est-ce que tu racontes?» Quelques jours après l'enterrement, grand-père me dit: «Eh bien, Alexis, tu n'es pas une médaille, tu ne peux pas rester toujours pendu à mon cou, va donc gagner ton pain». Et je partis gagner mon pain».» |
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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre: adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père. Une fois la guerre terminée, Esther décide avec sa mère de rejoindre le jeune État d'Israël. Au cours du voyage, sur un bateau surpeuplé, secoué par les tempêtes, harcelé par les autorités, elle découvrira la force de la prière et de la religion. Mais la Terre promise ne lui apportera pas la paix: c'est en arrivant qu'elle fait la rencontre, fugitive et brûlante comme un rêve, de Nejma, qui quitte son pays avec les colonnes de Palestiniens en direction des camps de réfugiés. Esther et Nejma, la Juive et la Palestinienne, ne se rencontreront plus. Elles n'auront échangé qu'un regard, et leurs noms. Mais, dans leurs exils respectifs, elles ne cesseront plus de penser l'une à l'autre. Séparées par la guerre, elles crient ensemble contre la guerre. Comme dans Onitsha, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans Étoile errante le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes. |
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L'incendie du château de Fréteval rapproche Bernold, jeune maître verrier, et Isambour, brodeuse sur toile. Ils s'aiment. D'un amour tendre et passionné. Mais l'oncle de la jeune fille veut la marier au fils du meunier. Bernold enlève Isambour. Après ce rapt chevaleresque, il l'emmène à Blois et l'épouse. Roman de cet amour qui dure les vingt années que dure la vie du couple, Le Grand Feu est aussi celui de toute la société féodale du début du XIIè siècle. Aux alentours de Blois, et dans la vallée du Loir, on construit des villages et des villes, des églises et des donjons fortifiés; la princesse Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, introduit un nouvel art de vivre; des croisés rentrent de Terrre sainte ; les épidémies et les famines sont évoquées en filigrane. Comme sur les tapisseries de Bayeux, qui viennent d'être achevées, c'est tout un monde en mutation — des paysans aux artisans et aux seigneurs — que Jeanne Bourin laisse apparaître ici, et fait revivre. |
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Harry Potter a quatorze ans et entre en quatrième année au collège de Poudlard. Une grande nouvelle attend Harry, Ron et Hermione à leur arrivée: la tenue d'un tournoi de magie exceptionnel entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les délégations étrangères font leur entrée. Harry se réjouit... Trop vite. Il va se trouver plongé au coeur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter. Dans ce quatrième tome bouleversant, drôle, fascinant, qui révèle la richesse des enjeux en cours, Harry Potter doit faire face et relever d'immenses défis. |
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Les deux courts romans (ou longues nouvelles) qu'on va lire, Hasard et Angoli Mala, sont séparés par quinze années. Il m'a semblé qu'ils parlaient du même apprentissage, de l'amour de la nature, du mal aussi. Mais au moment de les réunir, je ne sais plus très bien lequel est le miroir de l'autre. J.M.G. |
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«Garcin: — Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je com prends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha! vous n'êtes que deux? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez: le soufre, le bûcher, le gril... Ah! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres». |
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Des cinq grands romans de Dostoïevski, L'Adolescent est l'avant-dernier, et aussi le moins connu. Il a pourtant un magnifique sujet, un foisonnement de thèmes, une technique romanesque solide. Le sujet: le passage à l'âge adulte d'un jeune homme ambitieux, malheureux, avide et le conflit entre père et fils. Les thèmes: l'enfant sans bonheur, l'homme fort, l'argent, l'Occident, l'avenir de la Russie, le socialisme, la société future, le mouvement révolutionnaire, et même, sous la forme du père adoptif du héros, le saint des temps modernes: la foi remporte une victoire sur les désordres de la pensée. On reconnaît là tout l'univers de Dostoïevski. La technique est celle du roman d'aventures, du roman policier d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue. L'Adolescent devrait donc connaître une résurrection, et retrouver sa place parmi les plus grands. |
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