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Folio
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«D'abord le titrer. Une ville. Pas une ville précise. Plutôt l'empreinte d'une ville quelconque. Son squelette. Je pensais aux histoires que j'avais dans la tête comme à des quartiers. Et j'imaginais des personnages qui étaient des rues, et qui certaines fois commençaient et mouraient dans un quartier, d'autres fois traversaient la ville entière, accumulant des quartiers et des mondes qui n'avaient rien à voir les uns avec lkes autres et qui pourtant étaient la même ville. Je voulais écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville.Des personnages — des rues — il y en a beaucoup: il y a un coiffeur qui le jeudi coupe les cheveux gratis, il y en a un qui est un géant, un autre qui est muet. Il y a un petit garçon qui s'appelle Gould, et une fille qui s'appelle Shatzy Shell (rien à voir avec celui de l'essence). Il y a aussi dans City deux quartiers, assez vastes, un peu décalés en arrière dans le temps. Il y a une histoire de boxe, et il y a un western. Le western, c'est quelque chose à quoi je pensais depuis des années. J'étais toujours là à essayer de m'imaginer comment diable on pouvait bien faire pour écrire la fussillade finale. Quant à la boxe, là c'est un monde dingue, superbe. Si en plus tu es qulqu'un qui écrit, tôt ou tard tu y viens. Mieux vaut tôt, me suis-je dit.»Alessandro Baricco. |
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Quoi qu'il puisse arriver, Jonas, peintre au talent reconnu, croit en sa bonne étoile — jamais elle ne cessera de l'aider et de le guider. Pourtant la vie, ses proches, ses amis, ses disciples l'acculent peut à peu à la stérilité artistique...Un ingénieur français, en mission au Brésil, est confronté aux superstitions et au mysticisme des indigènes. Mais l'amitié qu'il éprouve pour l'un d'entre eux aura raison de son scepticisme.Deux magnifiques nouvelles à la fin mystérieuse et ambiguë. |
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Un écrivain accompagne la lente déchéance d'un saxophoniste de génie, détruit par l'alcool et la drogue, Johnny Carter. Des studios d'enregistrement de Baltimore avec Miles Davis au Saint-Germain-des-Près dans les années 50, des hôtels miteux aux nuits dans les clubs de jazz, des délires paranoïaques aux fulgurances créatrices, Julio Cortázar nous offre un texte bouleversant en hommage à un des plus grands musiciens de jazz, Charlie Parker. |
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Une histoire d'amour qui finit mal (Les Nuits blanches) et, dans Le Sous-sol, un de ces superbes maniaco-dépressifs comme Dostoïevski sur les inventer avant que Freud les mît à la mode: «Je suis un homme malade... Je suis un homme méchant. Je suis un homme déplaisant. Je crois que j'ai une maladie de foie. D'ailleurs je ne comprends absolument rien à ma maladie et ne sais même pas au juste où j'ai mal. Je ne me soigne pas et ne me suis jamais soigné. Si je ne me soigne pas, c'est pure méchanceté de ma part. Je sais très bien que ce ne sont pas les médecins que j'embête en refusant de me faire soigner. Je ne fais tort qu'à moi-même; je le comprends mieux que quiconque. Et pourtant, c'est bien par méchanceté que je ne me soigne pas. J'ai mal au foie! Tant mieux». |
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«La maison des morts, c'est le bagne de Sibérie où Dostoïevski a purgé comme condamné politique une peine de quatre années de travaux forcés et de six ans de «service militaire». Mais la maison des morts, c'est aussi le Goulag. La Russie de Dostoïevski est déjà celle de Staline, de Beria, de Vychinski, des grands procès où les accusés rivalisent devant leurs procureurs de contrition et d'aveux. Comme l'écrit Claude Roy, «la Russie d'hier et la Russie moderne sont exemplaires dans la science du «châtiment» sur deux points essentiels. Elles ont poussé plus avant peut-être qu'aucun peuple l'art de donner aux tortionnaires cette paix de l'esprit que procure la bonne conscience. Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement».» |
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Un écrivain désabusé voyage en Floride avec une femme beaucoup plus jeune que lui: ils vont au restaurant, boivent un verre, parlent de la guerre d'Espagne, de leur vie, d'avenir et font l'amour... Soudain tout se trouble, le soupçon de l'inceste rôde, les difficultés à écrire et à vivre ressurgissent et, avec elles, l'inexorable fatalité. |
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93 conclut le dialogue que Hugo a poursuivi toute sa vie avec la Révolution. 93, c'est la Convention, «assemblée qui a eu un duel avec la royauté comme Cromwell et un duel avec l'univers comme Annibal» et qui a «tranché le nœud gordien de l'histoire». Immense fresque épique, 93 est aussi l'histoire de trois hommes. Lantenac, l'homme du roi et de tout l'honneur de l'ancienne France. Cimourdain, le génie austère et implacable de la Révolution. Entre eux Gauvain, neveu de Lantenac et fils spirituel de Cimourdain, aristocrate passé au peuple, que Cimourdain fera guillotiner pour avoir permis la fuite de Lantenac et qu'il suit aussitôt dans la mort. «Au moment où la tête de Gauvain roulait dans le panier, Cimourdain se traversait le cœur d'une balle... Ces deux âmes s'envolèrent ensemble, l'ombre de l'une mêlée à la lumière de l'autre». |
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«Tout devait être exactement ainsi, elle le comprenait à présent: cette femme, cet adolescent, leur indicible intimité dans cette maison suspendue au bord d'une nuit d'hiver, au bord d'un vide, étrangère à ce globe grouillant de vies humaines, hâtives et cruelles. Elle l'éprouva comme une vérité suprême. Une vérité qui se disait avec cette transparence bleutée sur le perron, le frémissement d'une constellation juste au-dessus du mur de la Horde, avec sa solitude face à ce ciel. Personne dans ce monde, dans cet univers ne savait qu'elle se tenait là, le corps limpide de froid, les yeux largement ouverts... Elle comprenait que, dite avec les mots, cette vérité signifiait folie. Mais les mots à cet instant-là se transformaient en une buée blanche et ne disaient que leur bref scintillement dans la lumière stellaire...» |
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En pleine guerre, un avion américain s'écrase dans les montagnes japonaises. Le rescapé est aussitôt fait prisonnier par les villageois. Or il est noir... Aux yeux du jeune enfant naïf et émerveillé qui raconte cet épisode, sa nationalité, sa race, sa langue n'en font pas un étranger ou un ennemi, mais une simple bête dont il faut s'occuper. |
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Oblomov? D’abord un mythe littéraire aussi vivant et emblématique en Russie que Don Juan, Don Quichotte ou Faust pour le reste du monde. Et ce mythe a inspiré un néologisme: l’oblomovisme. Une manière d’être, de penser, d’imaginer et surtout de patienter. En un mot, une manière slave de vivre. Oblomov, dans le moelleux de sa vieille robe de chambre orientale, est un propriétaire terrien. Un personnage qui laisse passer le temps. Parler de paresse serait trop simple. Oblomov se livre plutôt à une sorte de rêverie utopique et engourdissante. Alors il peut renouer avec les dorlotements de son enfance. Proie facile, il est exploité, grugé, dépouillé par son entourage. Et sa fiancée Olga a bien du mérite à vouloir le sauver. En fait, Oblomov va tout perdre, jusqu’à sa santé. Mais dans une sorte de bonheur léthargique, d’humilité et d’accomplissement accepté du destin. Publié en 1858, le roman de Gontcharov est l’un des plus grands romans de la littérature russe du xixe siècle. Tour à tour émouvant, drôle, tendre, avec des moments de lyrisme teintés parfois d’érotisme. «Une œuvre capitale», disait Tolstoï. «Servie par un talent éblouissant», ajoutait Dostoïevski. |
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«Thomas Gunzig est belge. C'est déjà un bon point en matière d'humour décalé. Né en 1970, il a été récompensé à plusieurs reprises pour son premier roman, Mort d'un parfait bilingue, et s'est de nouveau récemment distingué avec les nouvelles noires et corrosives du «Plus Petit Zoo du monde». Ce recueil de fables est écrit en forme de bestiaire, une succession de cages dans lesquelles s'agite une collection d'animaux, prétexte à l'exhibition de l'espèce humaine. On y trouve «La Girafe», «Le Poisson rouge», «La Vache», «Le Chien de traîneau» et «Le Cancrelat». On y trouve aussi ce «Koala» qui s'immisce singulièrement dans le voyage d'une délégation d'hommes d'affaires. Fred n'aimait pas cette «foutue bande de nouveaux riches qui avaient l'air de ne toujours pas en revenir de s'être fait autant de fric en si peu de temps». Sa femme lui reprochait de «se laisser bouffer par son travail» et son fils toussait depuis des jours. Il n'aimait pas non plus l'hôtel dans lequel il avait atterri.» |
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«The second volume of Proust's masterpiece, in the original French. According to Wikipedia: «Valentin Louis Georges Eugine Marcel Proust (10 July 1871 18 November 1922) was a French novelist, essayist, and critic, best known as the author of la recherche du temps perdu (in English, In Search of Lost Time; earlier translated as Remembrance of Things Past), a monumental work of twentieth-century fiction published in seven parts from 1913 to 1927... Begun in 1909, la recherche du temps perdu consists of seven volumes spanning some 3,200 pages and teeming with more than 2,000 literary characters. Graham Greene called Proust the «greatest novelist of the 20th century», and W. Somerset Maugham called the novel the «greatest fiction to date.» Proust died before he was able to complete his revision of the drafts and proofs of the final volumes, the last three of which were published posthumously and edited by his brother, Robert».» |
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Recovering from his disastrous experience with the never-completed La Fleur de L'Age, French filmmaker Marcel Carne proved he hadn't lost his touch with La Marie du Port. Played by Nicole Courcel, the eponymous Marie is the younger sister of Odile (Blanchette Burnoy). Odile in turn is the mistress of been-there-done-that Chatelard (Jean Gabin). Upon meeting Marie, Chatelard's cynicism melts away. Still, he merely toys with the girl's affections — at least until he discovers that Odile is carrying on an affair with Marie's boyfriend. Chatelard stops Marie from committing suicide, and for the first time in his life really means it when he pledges his undying devotion. Like many French films of the era, La Marie du Port was but a shadow of its former self when the American censors got through with it. |
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Les Fables de La Fontaine n'ont cesse d'enchanter. C'est que le poete a eu l'ambition de rassembler dans une meme emotion et une meme reflexion les petits et les grands. Ces histoires, ou les animaux conversent en toute liberte avec les hommes et les dieux, empruntees a un fonds immemorial, il les a revivifiees par les couleurs et les rythmes de ses vers, unifiees par le charme de sa voix de conteur. Cette voix, qui nous devient vite familiere et fraternelle si nous ecoutons avec attention son incomparable musique, lais-sons-la resonner en nous: elle est porteuse d'une sagesse, faite de lucidite courageuse et tranquille, qui depasse infi-niment les quelques preceptes sentencieux qui ponctuent, comme il se doit, ces petits contes, elle nous propose un art de vivre qui n'a rien perdu de sa force au fil des temps. |
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Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. De-puis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit le facteur timbré parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le mon-de entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire historique de tous les siens, fidèle aux valeurs de l'enseignement public obligatoire, le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essaie de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France. Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel. |
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«Et que voulez-vous faire de cet état?» s'enquit alors Manilov. Cette question parut embarrasser le visiteur... «Vous désirez savoir ce que j'en veux faire? Voici: je désire acheter des paysans... prononça enfin Tchitchikov qui s'arrêta net. — Permettez-moi de vous demander, dit Manilov, comment vous désirez les acheter: avec ou sans la terre? — Non, il ne s'agit pas précisément de paysans, répondit Tchitchikov: je voudrais avoir des morts... — Comment? Excusez... je suis un peu dur d'oreille, j'ai cru entendre un mot étrange. — J'ai l'intention d'acheter des morts»...» |
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«Le «carburant avancé» Tel est le nom donné pudiquement à la nouvelle énergie qui fait marcher les lampes, les moteurs, les voitures, et sert aussi pour des super bombes nucléaires. Ce «carburant avancé» n'est rien d'autre que les âmes, saisies par des capteurs et mises dans des piles. Comment réagissez-vous quand vous apprenez que la femme que vous aimez va survivre sous la forme d'une ampoule de 100 watts et que votre vieux voisin, un ancien résistant, est maintenant dans le moteur de votre Citroën? Cette fable endiablée ne laisse aucun répit au lecteur. Ce n'est qu'après le mot de la fin qu'il pourra prendre le temps de réfléchir aux problèmes que, sans en avoir l'air, pose l'auteur, et notamment celui de notre «captation» à l'intérieur d'un «techno et socio système» où se rejoignent la technique et l'idéologie, dans une course effrénée au rendement, à la croissance illimitée et à l 'asservissement de l'esprit.» |
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