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Книги Duras Marguerite
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«Après un long silence dû à la maladie. Marguerite Duras publiait en 1990 «la pluie d'été». Ernesto le héros vit dans une famille nombreuse et pauvre, parents immigrés, chômeurs, mais son environnement ne l'empêche pas d'être un génie. La complicité entre Ernesto et sa sœur Jeanne les conduit à l'inceste. Ernesto est heureux dans le malheur de l'être, ce qu'il vit est un bonheur contradictoire, douloureux. Le feu sous la cendre La vraie chaleur et le secret espoir sont dans la complicité qui unit les membres de la famille. Ernesto et Jeanne, après la pluie d'été qui marque la fin de l'envoûtement et de l'enfance se sépareront.» |
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C'est encore une fois les vacances. Encore une fois les routes d'été. Encore une fois des églises à visiter. Encore une fois dix heures et demie du soir en été. Des Goya à voir. Des orages. Des nuits sans sommeil. Et la chaleur. Un crime a lieu cependant qui aurait pu, peut-être, changer le cours de ces vacances-là. Mais au fond qu'est-ce qui peut faire changer le cours des vacances? |
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«Qu'est-ce que ça veut dire, moderato cantabile? — Je ne sais pas». Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d'une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d'apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu'au paroxysme final. «Quand même, dit Anne Desbarèdes, tu pourrais t'en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c'est facile».» |
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Francine Veyrenattes nous raconte — ou se remémore — comment son frère Nicolas se bat à mort avec son oncle Jérôme; quelle garde discrète et sûre la famille monte autour de l'agonisant; comment la liberté que Nicolas s'est ainsi conquise le conduit à l'amour, puis à la mort. Dans le même temps, Francine est aussi conduite à l'amour, et les parents à la folie.L'impassibilité de la narratrice rend un son vite étrange. Que l'indifférence soit à ce point nécessaire, qu'elle suive si évidemment le fond des choses la rend furieuse, inconsolable.Indifférente, elle est en fait le seul moteur du drame. Elle seule l'a voulu, suscité. Elle l'ignore elle-même. Elle en prend une conscience de plus en plus nette à mesure qu'elle raconte. Cette découverte devient même le sujet véritable du livre — qui est l'épuration progressive d'une âme — et son principal attrait.On se promet: On l'aura la vie tranquille». Du sein d'une grande fatigue, on veut bien enfin se laisser aimer, et aimer. Et faire des enfants. Cette vie est sincère. Ces enfants seront posthumes. On veut bien du bonheur. C'est qu'on est simple enfin. C'est qu'on est morte enfin. C'est qu'on peut enfin vivre «pareille à tous, la plus à plaindre, pareille à tous». |
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Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des Journées entières dans les arbres. |
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Un bungalow colonial au mobilier banal, très usé, très pauvre. Autour, la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge. Cinq personnages. La mère s'assied sur un siège bas, les autres se groupent autour d'elle. Ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué. La mère restera immobile, lointaine, comme séparée de sa propre histoire. Tout ce qui pourrait être dit ici l'est directement par ses enfants Joseph et Suzanne, par le Caporal et Mr Jo qui l'ont aimée. La mère — objet du récit — n'aura jamais la parole sur elle-même, ni sur sa vie d'enseignante en Indochine, de pianiste à l'Eden Cinéma au temps du cinéma muet, ni sur son existence ingrate, ardue, d'après l'Eden Cinéma. «Elle était dure, la mère. Terrible. Invivable. Pleine d'amour. Mère de tous. Mère de tout. Criante. Hurlante. Dure»... |
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«Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s'aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le «septième» où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu'à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d'usines, de faubourgs et l'appartement ouvert en plein ciel, l'air chargé d'une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l'eau. Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d'un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l'ennui. Lorsqu'elle se retourna vers la chambre et qu'elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d'une rivière».» |
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«C'était donc onze heures du matin, au début du mois de juillet. C'était l'été 80. L'été du vent et de la pluie. L'été de Gdansk. Celui de l'enfant qui pleurait. Celui de cette jeune monitrice. Celui de notre histoire. Celui de l'histoire ici racontée, celle du premier été 1980, l'histoire entre le très jeune Yann Andréa Steiner et cette femme qui faisait des livres et qui, elle, était vieille et seule comme lui dans cet été grand à lui seul comme une Europe. Je vous avais dit comment trouver mon appartement, l'étage, le couloir, la porte».» |
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«Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête.Il demande: — Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit.Elle dit qu'elle regarde: — Je regarde.Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer.Elle dit: Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala». |
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«Il faut toujours une s?paration d'avec les autres gens autour de la personne qui ?crit les livres. C'est une solitude essentielle. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'?crit. Pour d?buter la chose, on se demande ce que c'?tait ce silence autour de soi. Et pratiquement ? chaque pas que l'on fait dans une maison et ? toutes les heures de la journ?e, dans toutes les lumi?res, qu'elles soient du dehors ou des lampes allum?es dans le jour. Cette solitude r?elle du corps devient celle, inviolable, de l'?crit. Je ne parlais de ?a ? personne. Dans cette p?riode-l? de ma premi?re solitude j'avais d?j? d?couvert que c'?tait ?crire qu'il fallait que je fasse. J'en avais d?j? ?t? confirm?e par Raymond Queneau. Le seul jugement de Raymond Queneau. Cette phrase: «Ne faites rien d'autre dans la vie que ?a, ?crire». Ecrire, c'?tait ?a la seule chose qui peuplait ma vie et qui l'enchantait. Je l'ai fait. L'?criture ne m'a jamais quitt?e».» |
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