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Книги Diderot Denis
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Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit, dans l'allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d'une courtisane à l'air éventé, au visage riant, à l'œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s'attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins. |
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Ce dialogue brillant et drôle est un véritable traité de l'acteur et du théâtre, et des poètes et des arts en général. Diderot a, toute sa vie, subi la fascination du théâtre. Attentif à la représentation, il pressent l'un des premiers l'importance de la mise en scène en fonction de quoi l'acteur doit régler son interprétation. Diderot admire les comédiens, tout en s'en méfiant; d'où les affirmations célèbres suivant lesquelles ils sont les moins sensibles des hommes et doivent garder leurs distances par rapport à leur personnage. |
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Les Tahitiennes sont fières de montrer leur gorge, d'exciter les désirs, de provoquer les hommes à l'amour. Elles s'offrent sans fausse pudeur aux marins européens qui débarquent d'un long périple. Dans les marges du récit que Bougainville a donné de son voyage, Diderot imagine une société en paix avec la nature, en accord avec elle-même. Mais l'arrivée des Européens avec leurs maladies physiques et surtout morales ne signifie-t-elle pas la fin de cette vie heureuse? Entre l'information fournie par Bougainville et l'invention, Diderot fait dialoguer deux mondes, mais il fait surtout dialoguer l'Europe avec elle-même. Il nous force à nous interroger sur notre morale sexuelle, sur nos principes de vie, sur le colonialisme sous toutes ses formes. Il nous invite à rêver avec lui à un paradis d'amours impudiques et innocentes. La petite île polynésienne ne représente-t-elle pas la résistance à toutes les normalisations? |
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En 1771, le navigateur Bougainville publie le récit de son tour du monde. Un an plus tard, Diderot imagine de donner un «Supplément» à ce texte sous la forme d'un dialogue alerte et malicieux. Dans le Supplément au Voyage de Bougainville, le philosophe examine notre civilisation à l'aune de la société tahitienne. Cette oeuvre polémique est l’un des textes fondamentaux des Lumières. |
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Chère mère, lui dis-je, qu'avez-vous vous pleurez; que je suis fâchée de vous avoir entretenue de mes peines! A l'instant, elle ferma ma porte, elle éteignit sa bougie et elle se précipita sur moi. Elle me tenait embrassée; elle était couchée sur ma couverture à côté de moi. — Chère mère, lui dis-je, qu'avez-vous? Est-ce que vous vous trouvez mal? Que faut-il que je fasse? — Je tremble, me dit-elle, je frissonne; un froid mortel s'est répandu sur moi. — Voulez-vous que je me lève et que je vous cède mon lit? — Non, me dit-elle, il ne serait pas nécessaire que vous vous levassiez; écartez seulement un peu la couverture, que je m'approche de vous; que je me réchauffe et que je guérisse. |
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«Le conteur «parsèmera son récit de petites circonstances si liées à la chose, de traits si simples, si naturels, et toutefois si difficiles à imaginer que vous serez forcé de vous dire en vous-même: ma foi, cela est vrai, on n'invente pas ces choses-là». Diderot met en pratique la poétique qu'il énonce. D'un détail, il donne vie à deux contrebandiers, à des amants mal assortis, à une femme qui refuse les accommodements de la société. De ces personnages de son temps, il fait des héros dignes des tragédies antiques. Loin des bienséances et des règles classiques, ils incarnent l'Amitié, l'Amour, le Respect de soi. Quelques pages suffisent à Diderot pour donner l'illusion de la réalité et esquisser une poétique.» |
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Que l'amateur de réponses toutes faites passe son chemin. Jacques et son maître s'adressent à ceux qui doutent: est-ce le destin qui nous conduit? Sommes-nous vraiment libres de bien ou de mal faire? Questions éthiques et philosophiques, questions agitées gaiement, parce que l'humour, en libérant l'esprit de sa gravité, embrasse tous les paradoxes du monde. Ce roman ne se contente pas de réfléchir les idées novatrices des Lumières, son prisme reflète aussi toutes les traditions romanesques pour en déjouer les pièges. La fantaisie la plus échevelée se trouve miraculeusement contenue par la rigueur d'une pensée ferme autant qu'audacieuse. Car les aventures de nos deux compères, loin d'être gratuites, sont une joyeuse initiation à la libre pensée. OBJETS D'ETUDE — Le roman et ses personnages — les lumières — Grands débats d'idées. |
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Qu'est-ce qui fait le grand acteur? A cette question, Diderot répond en bravant l'opinion de son temps. Le comédien n'a pas à ressentir les passions qu'il exprime; c'est par l'étude des grands modèles, la connaissance du cœur humain et un travail assidu qu'il parvient à incarner ses différents rôles. Cette thèse de Diderot est-elle si novatrice? Pour en mesurer la portée, il faut la replacer dans la suite des théories sur l'art du comédien élaborées avant lui. |
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Ce dialogue, qui est presque un roman, Diderot l'écrit au sommet de son art, à près de soixante ans, et le revoit encore dix ans plus tard. Il met aux prises deux personnages seulement, «Moi», et le Neveu. Ce personnage se dédouble sans cesse: qu'est-ce qu'un homme qui prétend ne pas avoir de conscience, ne pas avoir d'unité, mais qui a en même temps une sensibilité esthétique, celle d'un musicien averti? Diderot mêle la grosse plaisanterie, les motifs et les sujets les plus divers, la lutte contre les adversaires des philosophes, dans cette mise en scène d'une conversation sans fin. Le Neveu pose des questions importantes, et soudain, pour notre amusement, l'argumentation déraille. «Moi» est fasciné par ce bouffon sublime. Ainsi va cet enchaînement de numéros, de pantomimes, cette fausse pièce, ce faux roman, où l'auteur a mis, sous une allure burlesque, toute sa vie, tout son cœur et tout son esprit. |
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Paradoxe sur le comédien est un essai sur le théâtre rédigé sous forme de dialogue par Denis Diderot entre 1773 et 1777 et publié à titre posthume en 1830. Selon Diderot, qui s’oppose en cela à l’opinion générale de ses contemporains, l’acteur convaincant est celui qui est capable d’exprimer une émotion qu’il ne ressent pas. C’est le paradoxe : moins on sent, plus on fait sentir. Diderot expose deux sortes de jeux d’acteurs : (1) Jouer d’âme qui consiste à ressentir les émotions que l’on joue (2) Jouer d’intelligence qui repose sur le paraître et consiste à jouer sans ressentir. Ce paradoxe est le contraste entre l’expression du corps et l’absence d’émotion ressentie de la part de l’acteur, il joue sans éprouver. Il rit sans être gai, pleure sans être triste. L’acteur se sert de son corps comme d’un instrument. Le paradoxe du comédien met donc en évidence l’écart qui peut exister entre le corps et le psychisme (ce qui n’est pas somatique et relève de l’esprit et de l’intelligence). |
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