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Книги Charles Baudelaire
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«Moi, mon âme est fêlée», disait Beaudelaire, le cœur serré d'angoisse. Le mal, la laideur et la bêtise l'oppressaient. Il lutta par le rêve et l'ironie. Fermant ses volets, il appareille vers un monde enivrant où les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il construit, au-delà des mers, de féeriques palais peuplés de femmes voluptueuses et de chats mystérieux. Il descend en enfer pour y chercher des fleurs. Du mal, il extrait la beauté et de l'incessant malheur les minutes heureuses. Condamné en 1857 pour outrage à la morale publique, le poète répondit qu'il n'avait pu écrire autrement «un livre destiné à représenter l'agitation de l'esprit dans le mal». Au-delà du bien et du mal, il y a le beau: Beaudelaire nous l'a donné en des vers inoubliables.» |
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Les hallucinations commencent. Les objets extérieurs prennent des apparences monstrueuses. Ils se révèlent à vous sous des formes inconnues jusque-là. Puis ils se déforment, se transforment, et enfin ils entrent dans votre être, ou bien vous entrez en eux. Les équivoques les plus singulières, les transpositions d'idées les plus inexplicables ont lieu. Les sons ont une couleur, les couleurs ont une musique... Vous êtes assis et vous fumez; vous croyez être assis dans votre pipe, et c'est vous que votre pipe fume; c'est vous qui vous exhalez sous la forme de nuages bleuâtres. |
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«» — Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville». Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche. « — Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies».» |
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«Dans ce livre atroce, j’ai mis tout mon cœur, toute ma tendresse, toute ma religion, toute ma haine». Étranger dans un monde qui le refuse, maudit et damné, Baudelaire n’a pas d’autre choix que d’explorer l’enfer et le mal. Puisque la vie n’est qu’extase et horreur, partage inégal entre Dieu et Satan, le poète la transfigure dans une contrée imaginaire où le désespoir et la beauté se confondent. Il s’évade dans les paradis artificiels du haschisch, de l’opium et du vin, ceux de la luxure et du vice. L’ennui, la mort et la pourriture le hantent, jusqu’à la folie. D’autres évasions s’offrent à lui, des navires, des ports, des océans, vers des pays lointains où tout est luxe et beauté. Les Fleurs du mal sont le journal intime, le cri de terreur et de jouissance du poète. Fleurs maladives qui annoncent toute la littérature moderne et dont le parfum et les poisons ne cessent de troubler les générations. |
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«Lorsque Baudelaire publie «Les Paradis artificiels» en 1860, l’expérience du hachisch n’a guère été pour lui qu’une curiosité passagère, quand l’opium, au contraire, accompagne depuis longtemps le traitement de ses souffrances. «Le Poème du hachisch» précède donc, dans les «Paradis, Un mangeur d’opium», recomposition assez libre des Confessions d’un opiomane anglais de Thomas De Quincey, où Baudelaire a tenté de fondre ses «sensations personnelles avec les opinions de l’auteur original». Le livre fut jugé extravagant et immoral. On aurait tort pourtant d’y lire une apologie de la drogue – et l’adjectif artificiels a sa pleine valeur de dénigrement. Car s’ils transcrivent des expériences, les Paradis touchent à la quête de l’infini: art poétique dissimulé, traité moral marqué d’anecdotes, ils sont la clef d’un monde où la volonté et la volupté entrent en concurrence pour que finalement triomphe une lumière supérieure qui refuse l’abandon trop facile à de fantasmagoriques jouissances. Et c’est le livre d’une poésie fondatrice.» |
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Lorsqu'il commence à publier ses petits poèmes en prose dans des revues et des journaux, Baudelaire a beau les qualifier modestement de «bagatelles», il a pleinement conscience de ce qu'ils ont de singulier. Et nous le savons mieux désormais, ce qui s'inaugure de manière capitale dans ces textes qui visent à capter l'étrangeté du quotidien de son temps, ce n'est rien moins qu'une forme littéraire nouvelle. Rimbaud et Mallarmé vont s'en souvenir très vite — et bien d'autres après eux. Bien que le poète y songeât depuis 1857, l'-année des Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris ne parut que deux ans après sa mort, en 1869. Ses poèmes en prose constituaient pourtant à ses yeux le «pendant» de ses pièces en vers, et les deux livres, en effet, se font écho à maints égards. Mais, à la différence des Fleurs du Mal, ce n'est pas ici un recueil composé qui nous est offert: un espace de liberté, bien plutôt, où le ßâneur témoigne d'un nouveau regard venu à l'homme moderne pour lequel la réalité multiplie ses images.. |
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«Quel est, celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience?» |
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Je suis de mon cœur le vampire, — Un de ces grands abandonnés. — Au rire ne peuvent plus sourire! |
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«Avec Les Fleurs du Mal, Baudelaire nous invite à entrer dans un univers personnel bouleversant car il révèle et met au jour ce qui nous habite ou nous hante. On y rencontre des personnages fascinants et inquiétants, des réalités sublimes et des choses abominables, on y est mené «tantôt très haut» et «tantôt très bas», on y passe par toutes les émotions les plus intenses qu'il soit possible d'éprouver: la haine et l'amour, la joie et la dépression mélancolique, l'exaltation de l'Idéal et l'accablement du Spleen. La lecture de ce «maudit livre» est une véritable aventure, une expérience intérieure, un drame en cinq actes qui commence par une naissance et finit par la mort. Dans ce théâtre de la cruauté et de la beauté, le lecteur devient le spectateur passionné d'une scène intérieure où s'affrontent des personnages conceptuels: jamais la poésie lyrique n'aura été aussi dramatique...» |
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