«1937 ou est-ce en 1938? Une jeune juive révolutionnaire, partie de Kichinev en Bessarabie disparaît en Ukraine dans les grandes purges staliniennes. Avant de disparaître, elle envoie aux siens un dernier message: «Ne venez pas. Nous nous sommes trompés». L'idée d'une tombe sans nom est l'histoire de son espoir immense, de son aveuglement tragique et de sa lucidité admirable pour finir. C'est l'histoire d'une émancipation précoce dans les années 1910 et 1920 à l'heure où quitter la religion, la famille, le ghetto, la ville pour construire le socialisme, de l'autre côté du fleuve, relève de l'aventure, de l'héroïsme. Partie de rien ou presque, l'auteure, fascinée par un parcours singulier perdu dans la comptabilité implacable d'un désastre collectif, décide de réparer l'anonymat d'une disparition en écrivant tout ce qu'elle peut savoir de son héroïne. Parce que l'idée d'une tombe sans nom lui déplaît, elle s'obstine à inscrire le nom de Manya Schwartzman dans un livre. Mais que peut-on savoir de quelqu'un dont on ne sait rien? La réponse passe par des recherches historiques, la lecture de quelques romans, le goût des cartes géographiques improbables, des territoires perdus, d'une mer qui n'a pas de noire que le nom. Elle passe aussi par des voyages en Moldavie, à Odessa, et jusqu'en Transnistie, ce pays qui n'existe pas. Pour Manya Schwartzman, la révolution n'a pas été qu'une idée, mais aussi une nécessité.»