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«L'extrême contemporain» condamne le corps, «si peu à la hauteur des avancées technologiques de ces dernières décennies», un corps qui de plus en plus est vécu comme un membre surnuméraire qu'il faudrait supprimer. Dans le discours scientifique contemporain, le corps est pensé comme une matière indifférente, simple support de la personne. Pour passer du corps brouillon au corps accessoire, on doit se livrer à un bricolage sur soi à base de prothèses chimiques. Alors que certains biologistes rêvent d'éliminer la femme d'un bout à l'autre de la gestation, la cybersexualité réalise pleinement cet imaginaire de la disparition du corps et même de l'autre. La techno-science sert à «rectifier une matière première» qu'il faut agencer autrement: le soupçon à l'encontre du corps s'instaure et la médecine devient un biopouvoir. L'Adieu au corps est un constat terrible et argumenté de cette volonté du monde occidental qui veut transformer, voire liquider ce corps brouillon; il montre par l'analyse comment se bouleverse à grandes enjambées l'univers symbolique qui jusque-là construisait la cohérence du monde.» |
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La madeleine de Proust d'un Alépin en exil, c'est l'odeur du savon. Avec elle, il retrouve son enfance et, au-delà, le passé millénaire de sa ville et de ses traditions. La tragédie qui frappe aujourd'hui la Syrie, et notamment la ville d'Alep, est une raison de plus de vouloir faire connaître un peuple, sa culture et les savoir-faire qui occupent ses mains depuis des siècles. Le savon d'Alep, ce petit cube de matière lisse aux couleurs inimitables, nous ouvre les portes d'une civilisation: les caravansérails, la rencontre de l'Orient et de l'Occident, la tolérance religieuse, l'architecture des souks et des hammams, les richesses du désert. Huile d'olive, salicorne du désert, baie de laurier: chacun des ingrédients qui entrent dans la composition du savon d'Alep est l'occasion de raconter des hommes, des paysages, des fragments de vie et de grands pans d'histoire. Le lecteur découvrira les secrets de sa fabrication: le savant dosage, la cuisson lente, le coulage de la matière à même le sol de vastes salles, l'impressionnant rituel de la découpe, le tamponnage (les savons sont frappés comme on frappe la monnaie) et le séchage, qui prend au moins neuf mois — comme toutes les choses importantes... Vient ensuite la description de l'usage et des nombreuses vertus du savon d'Alep, l'histoire et les secrets du bain dans les hammams. |
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«Quand j'ai eu cinq ans, on s'est cotisé pour m'acheter un violon. Depuis ce jour, le violon fait partie de moi-même». Né à Haïfa en 1922, Ivry Gitlis se rend à Paris à l'âge de dix ans pour commencer la carrière de soliste international la moins conformiste et la plus libre qui soit. Premier prix du conservatoire à treize ans, il étudie avec les plus grands violonistes en Belgique, à Londres puis aux Etats-Unis. Sa participation au concours Marguerite Long-Jacques Thibaud fut l'occasion d'une bataille mémorable entre le jury et le public qui le soutenait. Ce musicien hors normes, qui sera le premier artiste israélien à se produire en URSS, ne connaît pas de frontières et est aussi heureux dans le répertoire classique que dans le jazz ou la musique tzigane. En 1972, il fonde le festival de Vence, célèbre pour le caractère novateur de sa programmation. Il donne toujours des concerts, et depuis une trentaine d'années se produit souvent au Japon où il est adoré du public. L'Âme et la Corde est l'autobiographie de cet artiste exceptionnel. Parue pour la première fois en 1980, la version éditée aujourd'hui est augmentée du récit des trente années qui viennent de s'écouler. Ivry Gitlis y raconte avec un style inimitable ses relations à son instrument, la musique, le public.» |
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«Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'art de Paris n'a jamais fait l'objet d'une publication d'ensemble. C'est peut-être moins la dimension du sujet que la difficulté d'en trouver les limites qui ont découragé auteurs et éditeurs. Le sujet comprend nécessairement deux mille ans d'architecture, de Lutèce à l'agglomération parisienne dans son actuelle extension. Mais que retenir de l'impressionnant ensemble constitutif de l'art français? Uniquement les ouvrages qui ont été effectivement exécutés dans ce Paris en expansion. Cette sélection s'appliquant à l'oeuvre mobile des peintres et des sculpteurs permet de reconstituer l'identité d'un lieu, dont le génie ne s'est que peu à peu diffusé et dilué dans les ensembles du pays, du continent et du monde: plus évident, dans les premiers temps lorsqu'il est représenté par des artistes dont l'activité était pour l'essentiel circonscrite par l'une des enceintes de la ville fortifiée; plus nominale que réelle lorsqu'apparaît tardivement l'appellation «Ecole de Paris». Cependant, à l'évidence, ce génie du lieu n'est pas né dans les académies des Beaux-Arts, mais dans les ateliers des artisans d'art, qui les premiers ont fait connaître et apprécier la manière de Paris; ils ont durablement fourni la clientèle des princes, dans la ville et hors d'elle et ont assuré la réputation internationale de «l'article de Paris». Ces artisans ne connaissaient qu'un seul maître, la mode. C'est le nom qu'il faut donner au génie artistique de Paris, instillant aux Parisiens un insatiable appétit de nouveautés qui a développé leur capacité d'accueil aux idées et aux hommes venus d'ailleurs, à la faveur de quoi s'est formé à Paris un modèle de sociabilité imité par l'Europe. En outre, à Paris et à cause de Paris, les limites de l'art ont été périodiquement déplacées. Aussi n'est- ce pas un hasard si Paris a été, dans la première moitié du XXe siècle, le site où ont explosé les canons de l'art.» |
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Novembre 1918. Istanbul, la ville mythique, est soumise à l'occupation intraitable des Alliés, vainqueurs de la Grande Guerre. Sur les rives du Bosphore, entre Orient et Occident, des choix douloureux s'imposent. Leyla Hanim est la jeune épouse d'un secrétaire du sultan Mehmet VI. Sa belle-mère, une esclave circassienne affranchie du sérail impérial, l'oblige à respecter les coutumes ancestrales. Mais, lorsque leur demeure est réquisitionnée par un officier français et sa famille, cette vie bien ordonnée vole en éclats. De son côté, le capitaine de frégate Louis Gardelle ne résiste pas aux sulfureuses tentations de la cité cosmopolite où affluent les Russes blancs fuyant la révolution bolchevique. Pour les Turcs qui se refusent à la désintégration de leur pays, l'heure est à la résistance. Encouragée par son frère, Leyla s'engage dans la lutte malgré sa peur de l'inconnu et la position de son mari. Sa rencontre avec Hans Kästner, un archéologue de Berlin fidèle au général Mustafa Kemal, bouleverse son existence. L'Anatolie des rebelles devient alors le décor d'un amour interdit. A la lueur des révolutions et à l'aube d'un monde moderne, la Turquie nouvelle émerge des cendres ottomanes, tandis qu'une jeune femme découvre le goût parfois amer de l'indépendance et de la liberté. |
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«En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie: proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un «malheur» qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là: il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux royaumes. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu. Louis XV dédaigne l’Infante perdue dans l’immensité subtile et tourbillonnante du Louvre et de Versailles; en Espagne, Mademoiselle de Montpensier ne joue pas le jeu et se refuse à son mari, au grand dam de ses beaux-parents Philippe V et Elisabeth de Farnèse.» |
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A treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmères rouges. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien. Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1,7 million de morts, l'enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide: Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille à sa légende. L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c'est un homme de Primo Levi, et de La nuit d'Elfe Wiesel. |
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À la fin d’une période où j’ai été médecin (1957-1968) à l’hôpital psychiatrique de Cery, près de Lausanne, il m’avait semblé opportun de jeter un regard sur l’histoire millénaire de la mélancolie et de ses traitements. L’ère des nouvelles thérapeutiques médicamenteuses venait de s’ouvrir. Après une licence ès lettres classiques à l’université de Genève, j’avais entrepris en 1942 des études conduisant au diplôme de médecin. La double activité médicale et littéraire se prolongea au cours des années 1953-1956 passées à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Je relate ces diverses étapes de mes jeunes années pour dissiper un malentendu. Je suis souvent considéré comme un médecin défroqué, passé à la critique et à l’histoire littéraires. À la vérité, mes travaux furent entremêlés. L’enseignement d’histoire des idées qui me fut confié à Genève en 1958 s’est poursuivi de façon ininterrompue sur des sujets qui touchaient à l’histoire de la médecine, et plus particulièrement de la psychopathologie. Ce livre reprend la thèse de Jean Starobinski, merveilleux texte d’histoire de la littérature, et propose d’éclairer les figures prises par la mélancolie au cours des siècles, les formes dans lesquelles la souffrance psychique a été interprétée. Elle fut liée à d’anciens mythes, à toute une imagination matérielle (la bile noire, sèche et froide), à la spéculation astrologique, à divers systèmes médicaux qui ont laissé jusqu’aujourd’hui d’innombrables traces dans les littératures et les arts. |
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Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire. De ces vieilles dames trop seules et qui s'ennuient tellement — surtout le dimanche — qu'elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s'installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas. Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps — triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble l'appeler à l'aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre... Armée de son courage et de ses certitudes, Elsa n'a plus qu'une obsession: aider ce petit garçon qui n'apparaît ni dans le registre de l'école, ni dans le livret de famille des voisins. Mais que peut-elle contre les services sociaux et la police qui lui affirment que cet enfant n'existe pas? Et qui est vraiment Elsa Préau? Une dame âgée qui n'a plus toute sa tête? Une grand-mère souffrant de solitude comme le croit son fils? Ou une femme lucide qui saura croire à ce qu'elle voit? Sophie Loubière, en reine du roman psychologique, brosse un bouleversant portrait de femme en proie à la violence ordinaire et touche en plein coeur. |
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Pendant une longue période, une jeune femme vit sans connaître une intimité physique avec un homme. Ce n'est pas tant une décision qu'elle a prise, c'est un état de fait, c'est une absence d'envie de sa part. De cet état habituellement inavouable, elle parle. Dans ce rien, elle trouve des ressources insoupçonnées, des rêves, un certain bien-être. Elle découvre aussi des relations différentes avec les hommes et les femmes qui l'entourent. Soit parce qu'ils se rapprochent d'elle afin de lui faire part de leur propre situation, soit parce qu'ils essaient de la comprendre, ou de l'encourager, ou de la convaincre qu'elle fait fausse route. Cette femme incertaine traverse avec légèreté et gravité l'existence; ses perceptions, sa sensibilité, son empathie sont décuplées. Il semble qu'il ne lui appartienne pas d'évoluer. Pour elle, la vie privée ce n'est pas ce qu'on fait, c'est ce qu'on ne fait pas. Un jour, pourtant, les choses vont changer. |
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Un homme rentre chez lui, fatigué, usé par l'âge et les regrets. La nuit va tomber, les Iris, sa banlieue parisienne, se dressent dans le crépuscule entre épreuve et destination. Ce trajet familier, Youssef Chalaoui pressent confusément qu'il lui sera fatal. Mais il en ignorera l'impact profond, irrévocable, sur le quartier, ses habitants, le pays. Cette nuit-là, au terme d'un long et hésitant et macabre ballet, la périphérie s'enflamme. Et bientôt, la France entière bascule. Dans L'Esprit de l'ivresse, la révolution est traitée hors champ; comme les bouleversements organiques du grand corps malade de la société contemporaine. Chorégraphique et musical, le roman procède par mouvements amples. A la course désordonnée et assoiffée de liberté de Clara S, l'égérie malgré elle, répond la fuite ouatée du Président Henri Dumont, bloc de souffrances et d'indécision. Chacun cherche en lui-même un élan radical, un feu qui brûle jusqu'aux lendemains, un ressort contre l'impuissance dérisoire et l'acharnement magnifique que recouvre l'idée de destin. C'est par les corps individuels que Loïc Merle pénètre et explore la chair collective d'une Grande Révolte imaginaire dont la proximité plausible (inévitable?) saisit le lecteur. Par les corps que s'exprime le besoin désespéré d'être ensemble et d'être plusieurs, face à l'engrenage du réel et de la realpolitik qui broie les êtres et les âmes, atrophie les esprits, avorte la notion même d'avenir. Cette nuit des hommes, l'auteur la dessine d'une phrase riche et lumineuse, légèrement étourdie, comme exactement ivre. Car, semble-t-il nous dire, de vital et de salvateur, ne nous restera-t-il bientôt plus que l'esprit de l'ivresse? C'est une des questions cruciales qui traversent ce premier roman d'une ampleur et d'une ambition rares. |
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«Ce livre présente en 11 chapitres l’ensemble des connaissances nécessaires à la compréhension de tous les rapports et flux transfrontaliers, matériels ou immatériels, qui peuvent s’établir entre deux ou plusieurs individus, groupes ou collectivités. L’ensemble constitue un maillage d’une extraordinaire complexité qui bouge tous les jours et qui évolue entre «le chacun pour soi» et le «tous pour un».» |
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Découvrez et maîtrisez tous les secrets du chocolat! Toutes les recettes gourmandes et incontournables (brownie, mousse, tartelette, cake...); des tours de main clairs et accessibles pour réussir tous ses desserts; le savoir-faire de l'Ecole du Grand Chocolat Valrhona. |
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Le jour où sa mère est morte, Meursault a remarqué qu’il faisait très chaud dans l’autobus qui le menait d’Alger à l’asile de vieillards, et il s’est assoupi. Plus tard, dans la chambre mortuaire, il a apprécié le café que lui offrait le concierge, a eu envie de fumer, a été gêné par la violente lumière des lampes électriques. Et c’est avec une conscience aiguë du soleil qui l’aveugle et le brûle que l’employé de bureau calme et réservé va commettre un acte irréparable. Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort. |
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Eun — Ja, enfant, vit dans un petit village coréen. Sa famille est pauvre mais unie et aimante. Elle fait de son mieux pour être la meilleure élève de sa classe. Mais en Corée dans les années soixante-dix, l'école valorise d'abord les enfants de familles aisées. Lorsqu'un nouvel instituteur est nommé et la félicite pour ses notes excellentes, la vie d'Eun — Ja bascule. Elle est première de sa classe, et même, il lui offre un cahier d'exercices. Un cahier à elle... Un trésor. Eun — Ja grandit. Au lycée, elle découvre le français qu'elle choisit comme option. Elle voue une véritable passion à cette langue, à tel point qu'elle décide de devenir écrivain: plus tard, elle écrira des romans en français. Pour décrocher une bourse d'études à l'université de Séoul, il lui faut être reçue première au concours d'entrée. Elle travaille jour et nuit, assimile une année de grammaire française en trois mois. Elle vit et respire pour sa passion du français. Eun — Ja est une jeune femme à présent. À Séoul, elle rencontre un homme qui l'aime et pense à l'épouser. Mais son amour fou pour le français est plus fort. |
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L'évasion plonge le lecteur dans les méandres des relations franco-italiennes des années 1980 et 1990 sous fond de terrorisme politique, nous fait découvrir le microcosme de cette communauté de réfugiés italiens qui ont notamment fait la une des journaux lors de l'affaire Battisti au début des années 2000. Mais plus encore, L'évasion est une réflexion noire sur l'acte de création, sur le rapport à la réalité et à la vérité. Filippo est un homme qui rêve sa vie, il l'écrit et progressivement la fiction devient réalité, une réalité sanglante. Dominique Manotti présente le portrait d'un mythomane pathétique, à la fois charmeur et complexé, un concentré de grandeur et décadence humaine. L'évasion est un roman noir dense et ambitieux. |
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«Le procès de Socrate est une des images les plus célèbres de l'histoire de l'Athènes classique. Les guerres médiques ou les marbres du Parthénon en offrent le versant lumineux, la condamnation du maître de Platon, elle, en incarne la légende noire. Le plus souvent, l'événement est présenté comme la faute impardonnable de la démocratie athénienne, la preuve d'une cité intolérante, persécutant ses élites intellectuelles. A l'opposé, les défenseurs de la démocratie athénienne s'évertuent à en relativiser la portée, en le réduisant à un incident, voire en justifiant la condamnation du philosophe. C'est ainsi qu'au fil des âges, le procès de Socrate s'est transformé en procès de la démocratie athénienne — et par extension, de la démocratie elle-même. Ce livre entreprend d'écrire une histoire de cette démocratie à la lumière du procès de 399, mais il va plus loin en étudiant les différentes facettes de la subversion socratique, qui tiennent non seulement à la philosophie politique de Socrate, mais à ses moeurs et à l'originalité de sa pédagogie. Enfin, le procès est inséparable des multiples relectures qui l'accompagnent depuis les premiers temps de l'ère chrétienne. Des Pères de l'Eglise qui faisaient du philosophe un précurseur du christianisme au «Socrate sans-culotte» de la Révolution française, en passant par le «Saint-Socrate» d'Erasme ou le «patron des philosophes» construit par la pensée des Lumières, c'est l'histoire de notre propre rapport à la démocratie athénienne qui s'écrit.» |
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Faut-il avoir peur de la mondialisation? Ce livre analyse les risques associés aux évolutions du monde au cours des vingt dernières années, en les regroupant sous trois grandes catégories, systémiques, géographiques et liés à la mondialisation elle-même. Passer de 7 à 9/10 milliards d'habitants d'ici à 2050, place l'humanité face un défi immense. Cela entraîne une course-poursuite avec le progrès technique, et appelle un développement économique plus durable. Les Etats-Unis avec leur double déficit, la pression exercée par les masses asiatiques, l'essoufflement de l'Europe, la diversité des pays émergents, une Afrique entre décollage et marginalisation et un monde arabe en profonde mutation, soulèvent des interrogations. Les risques liés spécifiquement à la mondialisation, apparus avec la globalisation, appellent une régulation du commerce international, des institutions financières internationales fortes et une exigence de solidarité internationale. Au total, l'auteur, fort d'une longue expérience internationale, montre que les risques et défis auxquels doit faire face la communauté mondiale ne peuvent être maîtrisés que par davantage de coordination, d'organisation et de gouvernance. |
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Il n'y a pas d'humanité sans échange entre les hommes, Axel Kahn, en est, comme d'autres, persuadé. C'est pourquoi le partage, le troc et le commerce ont joué depuis les origines un rôle si essentiel dans l'édification des sociétés humaines. Il s'est toujours agi, jusqu'au XVIIe siècle, de garantir la meilleure satisfaction conjointe des besoins individuels et du bien commun. Le pessimisme de la conception libérale quant à la nature humaine devait cependant perturber cette belle certitude: comment une société d'êtres fondamentalement égoïstes peutelle défendre l'intérêt général? Dès cet instant, deux courants du libéralisme économique se sont opposés, celui pour lequel les vices privés conduisent à eux seuls aux vertus publiques et celui qui juge indispensable l'intervention d'un régulateur garant du bien commun. Axel Kahn explique comment le succès, dans les années 1980, de la première ligne, a plongé le monde dans la crise; il fait le pronostic que, sans réhabilitation du concept d'intérêt général, cette crise sera fatale au libéralisme. |
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